 Les fidèles se rassemblent chez Hoàng A Di, situé dans le hameau de Pac Rà. Photo: Ngoc Anh |
Mais comme ils n’ont pas de lieu de culte à disposition, c’est chez l’un des leurs qu’ont lieu ces réunions.
Pac Rà compte 18 foyers: que des Mông de confession protestante. C’est la maison de l’un d’entre eux, un certain Hoàng A Di, qui fait office de lieu de culte. Cet arrangement est pour l’instant accepté par les autorités locales, qui ont néanmoins demandé à la petite communauté protestante du hameau de déposer un dossier en bonne et due forme auprès des instances en charge des cultes pour faire en sorte que tout soit fait dans les règles. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Hâu A Lu, qui est l’un des membres de cette toute petite paroisse…
«Depuis 2023, nous nous rassemblons régulièrement. Nous travaillons actuellement à finaliser les dossiers requis pour la reconnaissance officielle de notre lieu de culte. En attendant, la commune nous permet de pratiquer librement le culte, et nous lui en sommes profondément reconnaissants», nous dit-il.
Si un lieu de culte (un temple, dans le cas des protestants) est en principe un lieu où se tiennent des cérémonies religieuses, il peut aussi être un espace propice aux échanges et aux partages d’expérience. Dans le cas de la maison de Hoàng A Di, c’est un endroit où l’on peut se tenir informé des politiques de l’État en matière de pratique religieuse. Pour Hoàng Thi Hoa, la vice-présidente du comité populaire de Ly Bôn, qui est la commune à laquelle est rattachée le hameau de Pac Rà, ceci justifie cela…
«Pour l’instant, le dossier est en cours d’élaboration et il n’y a donc pas encore d’autorisation officielle. Nous permettons néanmoins aux protestants de Pac Rà de se réunir deux fois par semaine: c’est pour nous une question de respect de la liberté religieuse», nous explique-t-elle.
Pour les membres de cette petite paroisse protestante de Pac Rà, ces réunions du jeudi et du dimanche sont bien plus que des manifestations de piété religieuse. Ce sont des moments de vie communautaire, au meilleur sens du terme. C’est à ce point vrai que les habitants de Pac Rà font des émules. Témoin Vàng A Do, originaire du village voisin de Tông Ac, qui se joint volontiers à ces assemblées…
«C’est très important, pour moi, de pouvoir participer à ces réunions. C’est une façon, pour moi, de me remettre dans le droit chemin et de m’améliorer constamment. C’est grâce à ça que j’ai arrêté de fumer et de boire», nous confesse-t-il.
Dans la province de Cao Bang, trois religions coexistent: le catholicisme, le bouddhisme et le protestantisme. À elles trois, ces trois religions rassemblent 23.000 fidèles, dont 21.000 protestants. Ce qui se passe à Pac Rà est tout à fait représentatif de ce qui se passe partout ailleurs: les autorités sont les garantes de la liberté religieuse.