Les brocatelles de My Nghiêp - Photo Ngoc Anh/VOV5 |
Comme souvent au Vietnam, tout commence par une
légende. Celle qui a cours à My Nghiêp nous ramène au 17e siècle et
nous narre l’histoire d’une certaine Po Nagar - nous sommes à l’époque du
royaume du Champa - qui se serait rendue à Cha Leng, l’actuel , pour y
enseigner l’art du tissage…
Nous voilà donc en règle avec l’histoire. Venons-en
à présent aux brocatelles elles-mêmes.
D’après les artisans du village, elle ne
s’obtiennent qu’au prix d’un long processus, dont la première étape est
l’égrenage, une opération délicate entre toute qui consiste à séparer les fibres
de coton des grains. Viennent ensuite le filage, le tissage, le lavage, la teinture et la
décoration...
Ce métier nécessite en tout cas
une véritable dextérité, et surtout un sens esthétique qui rend bien illusoire
la frontière entre artisanat et art. Inutile de dire que la machine y trouve sa
place comme l’éléphant dans un magasin de porcelaine…
« Ce qui nous distingue,
c’est que tous nos produits sont faits à la main, nous explique, Hô Sy Son, un tisseur de My Nghiêp. La province de Ninh Thuân a mis en place tout un
plan de préservation du tissage traditionnel, qui prévoit notamment tout un
volet transmission, les seniors étant invités à transmettre leur savoir-faire
aux plus jeunes. Et ca marche bien, maintenant… Nos produits se vendent dans de
nombreuses villes du Vietnam et ici-même, aux touristes de passage. Il y a en a
même une petite partie qui est exportée vers l’étranger ».
Ham Thi Nhu Y,
une tisseuse de My Nghiêp - Photo Ngoc Anh/VOV5
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Si dans d’autres villages, le
tissage de brocatelle est une tradition artisanale qui se transmet de mères en
filles, à My Nghiêp, il est surtout pratiqué par les jeunes, femmes et hommes
confondus. Les premières manipulent le métier à tisser alors que les seconds
confectionnent des vêtements à base de brocatelles.
Mais à My Nghiêp, en tout cas,
artisanat et promotion commerciale font bon ménage, le tourisme servant alors
d’entremetteur…
« Nous avons exporté en Inde, en Thaïlande et aux États-Unis, nous
précise Ham Thi Nhu Y. Aujourd’hui, il y a encore 300 foyers, dans le village,
dans lesquels le métier est pratiqué. Chez moi, c’est depuis plusieurs
générations… Mais maintenant, il y a
aussi une coopérative : ça permet une meilleure répartition des
tâches, et donc une plus grande efficacité…
Les brocatelles et les Cham, les
Cham et les brocatelles, c’est une vieille histoire, une histoire qui dure
encore et toujours et dont My Nghiêp est le théâtre. « Pourvu que ça
dure », comme le veut l’expression consacrée…