Lors d'un mariage de Stiêng - Photo dantocviet.cinet.gov.vn
|
Autrefois, lorsqu’un homme Stiêng voulait se marier, il faisait appel à un entremetteur pour l’accompagner, lui et quelques représentants de sa famille, chez l’élue de son cœur. La délégation ainsi constituée venait avec plusieurs cadeaux, dont un bracelet et un collier en argent. Cela étant, la tradition n’interdisait pas à la famille de la future mariée de réclamer d’autres cadeaux. En principe, la valeur de ces cadeaux équivalait plus ou moins à la somme qu’avait dû dépenser le père de la fille pour son propre mariage.
Mais revenons-en à cette entrevue entre les deux familles. Il était de coutume que le père de la future mariée brisât des bâtons en plusieurs morceaux en présence du patriarche du village. L’entremetteur devait ensuite compter ces morceaux de façon très précise, car ils étaient censés correspondre au nombre de bœufs, de buffles, de porcs et de jarres d’alcool que la famille de la fille allait réclamer à celle du garçon. Si le jour du mariage, celle-ci apportait la totalité des cadeaux, elle avait le droit de repartir avec la mariée. Sinon, le marié devait rester vivre chez sa femme jusqu’à ce qu’il ait remboursé toute sa dette. Oui, il s’agissait bien d’une dette même si elle était évidemment plus spirituelle que matérielle, comme nous l’explique Diêu Thi Kia, une Stiêng de la province de Binh Phuoc.
«Tous les cadeaux avaient une signification culturelle. L’un des cadeaux les plus indispensables était une lance, qui était utilisée dans plusieurs fêtes communautaires et notamment la fête du sacrifice du buffle», précise-t-elle.
Autrefois, le mariage pouvait avoir lieu un ou deux ans après la cérémonie de demande de la main. Le festin de noce comprenait soit du poulet, soit du porc, mais toujours du buffle. Le marié offrait à sa femme une paire de boucles d’oreille, une jupe en brocatelle, un collier en verroterie et des hochets en cuivre. Il recevait en retour des brocatelles pour les offrir à ses proches.
Lorsque le prétendant, ou plutôt sa famille, ne réussissait pas à apporter la totalité des cadeaux réclamés par celle de l’être aimé, la tradition l’autorisait à conduire sa femme chez lui, mais seulement une semaine après les noces. C’était une manière, pour lui, de s’acquitter de sa dette, ce qu’il pouvait faire seul ou avec l’aide des proches. Mais tout était une question de formalité, car la famille de la femme n’allait pas venir les mains vides. Elle apporterait également des cadeaux souvent équivalents à ceux offerts par l’autre.
Aujourd’hui, si bien des pratiques nuptiales ont été simplifiées, les Stiêng maintiennent toujours ce qui constitue l’essence de leur tradition.
Le mariage se déroule au son des gongs et des tambours. Après le festin, chaque convive repart avec un morceau de viande. «Les Stiêng sont solidaires et ont la culture du partage», nous explique Diêu Thi Kia.
Chez les Stiêng, le mariage n’est pas seulement l’affaire des deux familles concernées, mais de toute la communauté.