Le club des tisseuses de nattes pran d’Ia Dok - Photo Nguyen Thao/VOV5 |
La natte pran est faite des feuilles de la plante éponyme qui appartient à la famille des pandanacées et qui pousse au bord des ruisseaux. Pendant la saison sèche, les hommes Jarai coupent ces feuilles et les étendent au soleil. Lorsque vient la saison des pluies et pendant l’intersaison agricole, les femmes tressent ces feuilles pour en faire des nattes, des nattes qui ont la vertu de tenir chaud en hiver et frais en été. Considérée comme un objet précieux par les Jarai, cette natte n’est utilisée que pour recevoir des invités ou lors d’occasions importantes comme les mariages et les obsèques.
«J’ai appris ce métier de ma grand-mère et de ma mère et il ne m’a jamais quitté», nous dit Romah H’Byu, une artisane locale. «Maintenant, peu de jeunes s’intéressent à ce métier traditionnel et je crains vraiment qu’il se perde. C’est pourquoi je fais tout mon possible pour le préserver et valoriser».
Son âge avancé ne fait que renforcer la détermination de Romah H’Byu à transmettre son savoir-faire. La natte pran n’est pas un objet comme les autres, mais un patrimoine de la communauté Jarai, explique-t-elle à ses élèves, toutes des filles.
«Regardez-moi bien et suivez mes gestes ! Le tissage de nattes nous a été légué par nos ancêtres. Il est donc hors question de l’abandonner», les exhorte-t-elle.
Photo Nguyen Thao/VOV5 |
Aujourd’hui, le club des tisseuses de nattes pran d’Ia Dok comprend 20 membres dont Romah Nga.
«Le tissage de nattes est vraiment un spectacle pour les yeux, j’ai adoré voir les plus grandes le faire et je m’y suis mise à mon tour. La natte traditionnelle tient frais, c’est vraiment agréable», confie-t-elle.
Ce club des tisseuses de nattes a fait des émules. Aujourd’hui, des hommes âgés et des enfants se sont aussi mis à tisser. La natte pran est redevenue un objet courant dans la vie des familles de cette commune frontalière. Mais Ro O H’Rin, présidente de l’union locale des femmes, veut aller plus loin.
«D’abord, nous sensibilisons les femmes à l’importance de préserver la natte traditionnelle et ensuite, nous réfléchissons à la manière de la vendre sur le marché», indique-t-elle. «Mais la commercialisation est un travail très difficile pour les autorités de la commune et du district. Nous avons besoin de l’aide des autorités supérieures».
Actuellement, les tisseuses d’Ia Doc vendent leurs nattes entre 200.000 et 400.000 dôngs (entre 8 et 16 euros) l’unité, en fonction de la taille. Avec l’aide des services compétents, elles espèrent pouvoir élargir leur production, augmenter leur revenu tout en perpétuant la tradition.