Le mariage San Diu dure trois jours. La première soirée, les deux familles érigent chacune de leur côté une sorte de barnum.

Photo: baodantoc.com.vn

Une délégation de la famille du marié arrive avec les cadeaux qui lui ont été préalablement réclamés par celle de la mariée. Tous sont couverts de papier rouge, couleur du bonheur, de la joie et de l’abondance dans la croyance locale.
«C’est l’entremetteur qui conduit la délégation. Les cadeaux comprennent deux porcs, 60 litres d’alcool, des billets de banque et des bracelets en argent», nous dit Lâm Van Quang, un chaman.
«Le porc pèse au moins 50kg», ajoute Lang Thi Tam, une San Diu. «Mais il faut aussi trois coqs et un régime de noix d’arec».
«Les noix d’arec vont avec des feuilles de bétel», complète Truong Thi Sinh, une autre San Diu. «Et chaque coq doit s’accompagner d’un demi-kilo de riz gluant, soit 1,5kg en tout».
La délégation qui vient chercher la mariée comprend six ou sept personnes, dont l’entremetteur, la demoiselle d’honneur (eh oui, dans un mariage San Diu, la famille du marié vient avec sa demoiselle d’honneur!) et quatre ou cinq jeunes. Mais attention! Le futur mari n’en fait pas partie. Et ce ne sont pas les deux seules originalités des San Diu. En voici une autre: c’est toujours au crépuscule qu’ils vont chercher la mariée.
«L’accueil de la mariée doit avoir lieu après 16h, après le coucher du soleil, c’est ce que nous ont dit nos ascendants», explique un San Diu.
«Selon notre croyance, les mariées accueillies en soirée seraient plus travailleuses que celles accueillies en matinée», ajoute un autre.

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En quittant sa maison, la mariée se verra couvrir la tête de deux écharpes, l’une rouge et l’autre verte, la première représente la famille de ses parents et la seconde, celle de son mari.

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À son arrivée chez le mari, l’écharpe verte couvrira l’écharpe rouge, signe de la soumission consentie de la femme.
«La tradition veut qu’à l’entrée de la chambre nuptiale, les amies de la fille tentent d’arracher le plus vite possible l’écharpe rouge sur sa tête. Si elles n’y arrivent pas et que les amis du mari le font avant elles, alors elles se verront obligées de chanter pour répondre aux garçons», indique le chaman Lâm Van Quang. «En fait, il est de coutume que toute la délégation de chez la mariée reste la première nuit chez le mari. Elle repartira le lendemain matin, vers 9-10 heures, à l’exception des sept ou huit amies très proches de la nouvelle épouse. Celles-là resteront une deuxième nuit pour se livrer à des chants alternés avec les amis du marié».
Dans son trousseau, la nouvelle mariée doit impérativement emporter des serviettes qui seront distribuées à chacun des membres de l’autre famille. Le lendemain matin, elle se lève tôt, fait bouillir de l’eau et prépare le thé dans une théière neuve pour la famille de son mari. Elle porte des deux mains un bassin d’eau devant les grands-parents, les parents et les proches de son époux, en leur donnant à chacun une serviette pour qu’ils se lavent le visage. Après s’être lavé le visage, chacun laissera glisser dans le bassin un peu d’argent pour bénir les tourtereaux.
«Il s’agit d’un rite par lequel la jeune mariée exprime sa gratitude envers les ascendants de son époux», explique le chaman Lâm Van Quang. «Dans notre tradition, tant que ces derniers n’auront pas accepté de se laver le visage avec l’eau apportée par la jeune femme, ils ne l’auront pas adoptée comme membre de leur famille».
Ce matin-là qui marque la fin des rites nuptiaux, la mère, les tantes et les sœurs du mari reconduisent la jeune mariée chez elle. Elles apportent des coqs, des pattes de cochon et des gâteaux de riz gluant. La famille de la femme prépare un plateau d’offrandes qu’elle mettra sur l’autel des ancêtres. Les bâtonnets d’encens consommés, le plateau contenant des plats délicieux sera descendu et partagé entre les deux familles et d’autres invités proches. Et c’est lors de ce repas que les parents de la mariée la confient à ceux du mari, en espérant que son destin sera désormais entre de bonnes mains.