Photo VOV
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Direction Ea Tiêu, une commune du district de Cu Kuin. Maintenant que les récoltes de café sont terminées, H Nuong Bya prépare les ingrédients pour la fermentation. Elle compte en effet préparer huit jarres pour le Nouvel An lunaire. L’alcool des Ede résulte de la fermentation d’un mélange de riz cuit, de levure et de balle de riz, fermentation qui se fait dans une jarre hermétique bouchée de feuilles. Le secret tient dans la levure, qui est composée de différentes sortes de plantes sauvages. Et ce mélange varie en fonction de chaque famille, nous dit H Nuong Bya.
«Notre levure traditionnelle est parfaitement sûre puisqu’elle est faite de feuilles et d’écorces cueillies dans la forêt», assure-t-elle. «Mais le goût de l’alcool ne dépend pas seulement de la levure. L’ancienneté de la jarre qui le contient y contribue aussi pour une part importante».
Une étape de la fabrication de l’alcool de riz
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À Ea Tiêu, le meilleur producteur d’alcool est Ma Pam, 55 ans, qui approvisionne tout le village. Il s’inquiète de constater que certaines familles Ede sont aujourd’hui tentées d’industrialiser la production d’alcool.
«Nous sommes producteurs d’alcool depuis des générations et je tiens à transmettre le métier aux jeunes, pour que cette tradition des Ede ne disparaisse pas», confie-t-il.
Les Ede et les autres peuples des Hauts plateaux considèrent l’alcool de riz comme la boisson des divinités, qui apporte joie et chance. Ils la sirotent à toutes les occasions importantes. Autour de la jarre d’alcool dans laquelle sont plantés des chalumeaux, invités et maître des céans assis à même le plancher sirotent le liquide en discutant joyeusement. On ne boit pas seul, l’alcool de riz à siroter à l’aide de chalumeaux est une boisson de partage et de solidarité.