Photo: tintucqo.com.vn
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Pour Ba Nhà, qui est un village de la grande banlieue hanoïenne, la nouvelle ruralité s’apparenterait presque à un tour de magie. Grâce aux efforts conjugués de la section du Parti, des autorités locales et des habitants, les plantations d’arbres fruitiers se sont multipliées et surtout, sont devenues nettement plus rentables. Aujourd’hui, les habitants jouissent de revenus confortables et de conditions de vie bien meilleures. Trân Dang Huu, l’un d’entre eux, se réjouit de ces améliorations tangibles.
«Les routes ont été élargies, les écoles et les dispensaires modernisés… Il y avait là un vrai besoin auquel le Parti et l’État ont su parfaitement répondre», constate-t-il.
La nouvelle ruralité a également permis aux habitants d’Yên My, une commune de la province centrale de Hà Tinh, de sortir de la pauvreté. Nguyên Thi Thuân fait partie de ceux qui ont ainsi pu connaître un véritable décollage économique : les bestiaux, les volailles et la fruiticulture lui garantissent un revenu stable d’environ 150 millions de dôngs (6.000 euros) par an.
«Tout le monde est content, ici ! Content d’avoir une vie meilleure. Content de voir que le village s’est embelli et que l’environnement est mieux protégé», nous dit-elle.
Grâce au soutien de la population, la nouvelle ruralité, qui est un programme national, a atteint, voire dépassé, avec près d’un an et demi d’avance, les objectifs fixés par l’Assemblée nationale pour la période 2010-2020. Actuellement, le pays compte 4.800 communes, soit 54% du total, qui sont aux normes de la nouvelle ruralité. 111 districts le sont également. Mais à ce jeu-là, les provinces de Thaï Binh, Nam Dinh, Hà Nam, Hung Yên, Dà Nang, Binh Duong, Dông Nai et Cân Tho font figure de bonnes élèves puisque la totalité de leurs communes sont des communes néo-rurales. Pour Nguyên Minh Tiên, le chef du bureau national de coordination de la nouvelle ruralité, il y a bien sûr de quoi se réjouir…
«Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour cette première décennie, les résultats sont remarquables», se félicite-t-il. «Ce qui me frappe, c’est qu’entre 2016 et 2018, l’accent a été mis sur le développement de la production, l’élévation des revenus, le respect de l’environnement, mais aussi sur la vie culturelle de la population, ce qui me paraît très important».
Pour qui connaît bien nos campagnes, il y a vraiment l’avant et l’après nouvelle ruralité. Mais les changements ne sont pas qu’infrastructurels : on assiste aussi à une véritable prise de conscience collective, comme le fait très justement remarquer Luu Duc Khai, un responsable de l'Institut national d'études sur la gestion économique.
«Maintenant, les habitants des zones rurales s’intéressent davantage au développement communautaire», remarque-t-il. «Témoins les très nombreux agriculteurs qui ont accepté de céder des terrains dans le cadre de la nouvelle ruralité».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes… En milieu rural, le revenu par tête a été multiplié par 3,5 en l’espace de dix ans : dix ans qui dans bien des cas auront suffi à faire du train du progrès un train à grande vitesse…
Reste à pérenniser les acquis. Comme l’annoncé Nguyên Xuân Cuong, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, des mesures devraient bientôt être prises pour faire en sorte que ce développement, parfois fulgurant, soit également durable.
«L’idée, c’est de créer une sorte d’écosystème, avec des institutions et des mécanismes de financement qui permettront la poursuite du programme», nous explique-t-il. «Mais ce qui compte avant tout, c’est que tout le système politique, toutes les composantes économiques, et surtout la population dans son ensemble, soient impliqués».
Les résultats sont là, donc, et ils sont globalement satisfaisants. Le défi, maintenant, pour toutes ces communes néo-rurales, va être de ne pas s’endormir sur leurs lauriers… « Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, il va filer », nous avertit le poème…