La céramique de Huong Canh
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Contrairement
aux céramiques émaillées d’autres villages, celles de Huong Canh se distinguent
par leur couleur naturelle, leurs matières brutes et leur résistance aux affres
du temps. « Porcelaines de Mong Cai-Vases de Huong Canh »... A son
apogée, la céramique de Huong Canh avait une dimension presque
proverbiale…
C’est au milieu du 18e siècle
qu’un certain Trinh Xuân Biền, un mandarin de la dynastie Lê-Trinh, aurait
appris la poterie aux villageois. C’est en tout cas ce qu’on peut lire dans les
annales locales. Le fait est que les habitants de Huong Canh considèrent ce
fameux Trinh Xuân Biền comme le fondateur de la corporation et qu’ils le
vénèrent en tant que tel dans leur maison communale, comme nous l’indique Giang
Thi Nhan, une artisane chevronnée du village :
« A chaque 6e jour du
premier mois lunaire, nous organisons une fête pour rendre hommage au fondateur
de la corporation. Il y a même une procession, mais qui n’a lieu que tous les
10 ans», nous dit-elle. « Avant, les artisans travaillaient pour la
coopérative du village et l’État achetait leurs produits. Quand la coopérative
a été dissoute, chacun a monté son atelier. Le village compte actuellement 6
ateliers d’envergure ».
Les céramiques de Huong Canh constituent
des récipients idéaux pour conserver le thé, l’alcool ou encore les denrées
périssables. Les parfums du thé, le volume d’alcool et son odeur, la qualité
des semences… tout est bien préservé, et pour longtemps. Le secret réside en
fait dans l’argile utilisée par les potiers du village, comme le révèle Nguyên
Hông Quang, propriétaire d’un four dans le hameau Lo Cang.
« A Huong Canh, les céramiques ne
sont pas émaillées car l’argile, ici, est une sorte de roche sédimentaire
composée de particules microscopiques très fines, ce qui donne une pâte liante
capable de résister à l’eau et à la lumière. Quant à la couleur, elle change en
fonction de la position des objets cuits dans le four. Il y a en fait deux
types d’argiles différentes: l’argile brune et l’argile bleue. On peut trouver
l’argile brune, qui est assez dure, dans une zone comprise entre 0,5 et 1,5 m de profondeur et l’argile bleue
dans une zone comprise entre 3 et 6 mètres de profondeur. C’est cette dernière
qui va donner leur couleur aux produits. Normalement nous mélangeons ces deux
types d’argiles, brune et bleue, dans des proportions du type 3 cinquièmes, 2
cinquièmes », nous explique-t-il.
Giang
Thi Nhan, une artisane chevronnée de Huong Canh
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Ce sont les objets à usage courant comme
les vases, les grandes jarres à eau, les bouilloires ou encore les petites
marmites qui font la réputation de Huong Canh. Aujourd’hui, pour répondre aux
goûts de leurs clients, certains artisans ont su mettre en avant leur
sensibilité artistique. C’est le cas de Nguyên Hông Quang.
« Nous produisons en même temps des céramiques à
usage courant et des céramiques d’art qui nous permettent de gagner davantage. Avec
une tonne d’argile, si on fait des contenants ou des ustensiles, ça ne rapporte
que 10 millions de dôngs. Or, toujours avec cette même tonne d’argile, on peut
gagner 30 millions de dôngs (plus de mille euros) si on fabrique des objets
d’art. Il faut donner de la valeur ajoutée à nos produits. Ma boutique à Hanoi
marche très bien maintenant. J’envisage d’en ouvrir une autre à Hô Chi
Minh-ville », nous raconte-t-il.
De nombreux artisans commencent à ouvrir leurs ateliers aux visiteurs
qui aiment venir voir, des leurs propres yeux, ces derniers exercer leur
savoir-faire et même mettre la main à la pâte.
Les céramiques
de Huong Canh sont vendues dans plusieurs localités du pays. Certains produits sont même exportés
à l’étranger.