Tout de suite un exemple avec Trân Yên, un district rattaché à la province de Yên Bai, dont les agriculteurs ont opté pour la culture des mûriers et l’élevage des vers à soie… Bien leur en a pris car Trân Yên est ainsi devenu le premier district néo-rural du Nord-Ouest…
Nguyên Duc Minh et ses mûriers. Photo: VOV |
Nguyên Duc Minh habite à Viêt Thành, l’une des communes du district. Comme bon nombre de ses confrères, il s’est reconverti à la culture des mûriers et à l’élevage des vers à soie: de riziculteur, il est devenu sériciculteur. C’est certes plus pénible que la riziculture, mais tellement plus rentable, au bout du compte…
«Il faut compter trois mois pour planter et récolter du riz», nous dit-il. «Pour 200 kilos de paddy, on empoche environ 1,4 million de dôngs. Ça, c’est pour le riz. Pour les vers à soie, en revanche, avec 80 kilos de cocons, j’arrive à me faire 8 millions de dôngs par mois. Y’a pas photo, comme on dit dans ces cas-là!»
Effectivement… 8 millions de dôngs, ça fait à peu près 290 euros, et 1,4 million, ça en fait 50… Il faudrait vraiment avoir une phobie des mûriers pour hésiter…
Les responsables du district n’ont pas hésité, eux. Depuis plusieurs années, déjà, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour encourager les agriculteurs à délaisser la riziculture au profit de la sériciculture. Ils les aident notamment en termes de techniques d’élevage et de mise en contact avec les entreprises.
Pour l’instant les prix sont stables: à raison de 100.000 dôngs le kilo de cocons, les sériciculteurs peuvent raisonnablement tabler sur des revenus de cinq à sept fois plus élevés que ceux que génère la riziculture... Et ils peuvent donc compter sur le soutien des autorités, comme nous le confirme Nguyên Van Manh, le chef adjoint du bureau de l’Agriculture et du Développement rural de Trân Yên.
«On envoie des experts pour aider les sériciculteurs à chaque étape du processus d’élevage, l’essentiel étant de veiller éviter que des maladies se propagent à tous les vers à soie», nous explique-t-il.
Photo: VOV |
La sériciculture est donc devenue un secteur phare de l’économie locale. Si l’on prend l’année 2020, les chiffres sont sans équivoque: pour 700 hectares, le chiffre d’affaire est de 80 milliards de dôngs (2,88 millions d’euros)... Et c’est d’autant plus remarquable que 2020 ne restera pas dans les annales comme le meilleur millésime, pour des raisons que nul ne peut ignorer…
Une réussite, donc, qui comme toute réussite, valait bien une récompense. Et effectivement, Trân Yên a été récompensé de ses efforts en devenant très officiellement le tout premier district néo-rural du Nord-Ouest, ce qui n’empêche pas Trân Dông, le président de son comité populaire, de garder la tête froide…
«Pour ce qui est de la période 2020-2025, nous allons bien évidemment continuer à développer la sériciculture en faisant en sorte de renforcer la coopération avec le ministère de l’Agriculture et du Développement rural et les entreprises», nous indique-t-il.
Actuellement, à Trân Yên, le taux de foyers démunis n’est que de 4% alors que le revenu annuel moyen par habitant a atteint 40 millions de dôngs (1.438 euros) en 2020. Pas étonnant, dès lors, que les autorités aient décidé de maintenir le cap et de continuer à dérouler le fil de la réussite…