Bien plus qu’une spécialité artisanale…

Kim Thu - Lê Phương
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(VOVWORLD) - Le tissage artisanal est très répandu, au Vietnam. Le tissage zeng, lui, est l’apanage des Tà Ôi, une ethnie minoritaire de la province de Thua Thiên-Huê. Héritières d’un savoir-faire ancestral, les femmes Tà Ôi s’emploient à le préserver coûte que coûte.   
Bien plus qu’une spécialité artisanale… - ảnh 1 Photo Kim Thu / VOV

Le tissage zeng est une sorte de tissage de brocatelles, mais de brocatelles dont l’originalité réside dans des motifs ornementaux créés à l’aide de petites perles de verre, introduites à même le tissu. 

Ces dernières années, de nombreuses coopératives de tissage ont été créées dans le district d’A Luoi, qui est celui où résident traditionnellement les Tà Ôi. Pour ces derniers, l’objectif est double : tout en cherchant à préserver un pan de leur identité culturelle, ils essaient d’améliorer leurs revenus. Mais attention ! Les coopératives en question n’embauchent que des femmes, et notamment des femmes en situation précaire, à qui elles offrent un début de stabilité.   

Cravates, chemises, tuniques, sacs, chapeaux, chaussures… Les femmes Tà Ôi ont toute une gamme de produits à proposer à leur clientèle. Et elles n’hésitent pas à consulter Internet pour se tenir au fait des nouvelles tendances de la mode, comme nous l’explique Lê Thi Ly, une jeune artisane. 

«J’ai consulté Internet pour trouver de nouveaux modèles dont je m’inspire ensuite, tout en préservant les motifs traditionnels», nous dit-elle. «Aujourd’hui, beaucoup de jeunes femmes comme moi apprennent le tissage zeng : c’est notre héritage, après tout !» 

Bien plus qu’une spécialité artisanale… - ảnh 2 Photo Kim Thu / VOV

Il n’y a pas si longtemps encore, le tissage zeng était une spécialité locale. Entendez par là que les produits ne se vendaient que sur les marchés de la région. Mais maintenant, les coopératives attirent la clientèle comme le miel les abeilles. Vietnamiens ou étrangers, les touristes affluent en masse.    

Mais les Tà Ôi peuvent aussi compter sur une ambassadrice de charme en la personne de Minh Hanh, styliste de son état, qui utilise volontiers des brocatelles zeng dans ses créations, d’autant plus volontiers que le public en ressort souvent ébahi…   

«Développer le tissage traditionnel, ça supposerait tout un ensemble de politiques spécifiques», estime-t-elle. «Ce qu’on peut faire, à notre niveau à nous, les stylistes, c’est attirer l’attention. Beaucoup de gens connaissent le tissage zeng, au moins de réputation…» 

Les autorités apportent elles aussi leur concours. Le tissage zeng est ainsi très présent dans les grandes manifestations folkloriques qu’organise régulièrement la ville de Huê.

«Le tissage zeng des Tà Ôi a été classé au patrimoine culturel immatériel du pays. Le département de la propriété intellectuelle du ministère des Sciences et des Technologies lui a accordé son certificat. Quant à nous, au niveau du district, nous avons pris un certain nombre d’initiatives, parmi lesquelles les ateliers de formation et les coopératives. Reste maintenant à diversifier les débouchés pour l’exportation», nous indique Nguyên Manh Hùng, le président du comité populaire du district d’A Luoi.  

Pour les Tà Ôi, le tissage zeng est bien plus qu’une spécialité artisanale : il est une distinction, au sens propre comme au sens figuré. Mais aujourd’hui, grâce aux autorités locales, il est aussi une véritable manne…     

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