L’agriculture urbaine à Hô-Chi-Minh-Ville

Ngoc Anh
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(VOVWORLD) - Dans une métropole en pleine expansion comme Hô-Chi-Minh-Ville, on pourrait penser que l’agriculture traditionnelle n’a plus sa place. Et pourtant, c’est tout l’inverse. Le programme national “À chaque commune son produit”, plus connu sous l’acronyme OCOP, transforme radicalement la façon dont cette mégalopole de 9 millions d’habitants conçoit ses produits locaux.
L’agriculture urbaine à Hô-Chi-Minh-Ville - ảnh 1La coopérative Tuân Ngoc poursuit l’extension de ses zones de culture dans plusieurs localités des provinces de Dông Nai et Ninh Thuân. Photo: Nguyễn Quang/VOV Hô-Chi-Minh-Ville

L’histoire commence dans les faubourgs de Hô-Chi-Minh-Ville, où Lâm Ngoc Tuân et quatre associés ont révolutionné la production maraîchère urbaine. Leur coopérative Tuân Ngoc cultive des légumes en hydroponie sur 10.000 mètres carrés, une surface agrandie grâce à l’audace d’emprunter massivement lorsque le marché leur a accordé sa confiance.

Leur vraie innovation? Avoir ciblé d’emblée le marché haut de gamme: restaurants, hôtels de luxe, et livraison directe aux particuliers. Leurs produits, certifiés OCOP 3 étoiles, répondent aux normes de qualité vietnamiennes les plus strictes et arborent fièrement la “Coche verte” attestant de  leur responsabilité environnementale.

“Quand nous livrons dans les immeubles résidentiels, nous proposons également de nombreux autres produits OCOP de la région et d’ailleurs. Pour éviter que l’offre ne devienne monotone, nous collaborons avec le système de distribution de l’Union des coopératives commerciales de Hô-Chi-Minh-Ville, Saigon Co.op, qui nous permet d’offrir une gamme beaucoup plus diversifiée de produits essentiels. Comme ça, les habitants peuvent facilement faire leurs courses et s’approvisionner pour toute la semaine”, nous confie Lâm Ngoc Tuân.

L’agriculture urbaine à Hô-Chi-Minh-Ville - ảnh 2Hô Chi Minh-Ville, berceau de nombreux modèles OCOP innovants. Photo: Nguyễn Quang/VOV Hô-Chi-Minh-Ville

Cette approche inspire d’autres entrepreneurs. Trân Thành Oanh, directeur d’ABZ, a choisi une stratégie encore plus audacieuse pour son vin de Polyscias fruticosa. Plutôt que d’emprunter les circuits de distribution classiques, il vise directement les boutiques duty-free des aéroports de Tân Son Nhât, Nôi Bài, Dà Nang, Cam Ranh et Phu Quôc.

“Ce que j’aimerais, c’est que l’Association des agriculteurs de Hô-Chi-Minh-Ville, ou une autre agence municipale, trouve une solution pour mieux relier tous les acteurs du secteur. Pas forcément en créant un énième club comme par le passé, mais simplement en établissant un point focal qui nous aide à échanger nos expériences et à harmoniser la  qualité. Si nous arrivons à nous associer et collaborer pour créer des gammes de produits OCOP destinées à l’export ou au marché national, nous serons beaucoup plus efficaces,” explique Trân Thành Oanh.

L’agriculture urbaine à Hô-Chi-Minh-Ville - ảnh 3Trân Thành Oanh, directeur d’ABZ. Photo: Nguyễn Quang/VOV Hô-Chi-Minh-Ville

Six ans après son lancement en 2019, le programme OCOP à Hô-Chi-Minh-Ville affiche un  bilan qui force le respect. En juin 2025, 419 produits avaient obtenu la certification 3 à 5 étoiles. Le véritable tournant est venu avec la fusion administrative avec les provinces de Binh Duong et Bà Ria-Vung Tàu, qui a porté le portefeuille à plus de 920 produits certifiés.

Aujourd’hui, l’OCOP englobe aussi bien les plantes médicinales que les boissons, la transformation alimentaire ou le tourisme communautaire. Les petites et moyennes entreprises du secteur ont massivement adopté les technologies numériques pour optimiser leur production, assurer la traçabilité, développer leurs ventes en ligne et améliorer leur service client.

Trân Phu Lu, directeur de l’ITPC Hô-Chi-Minh-Ville, souligne l’importance de la promotion multicanal, notamment via les plateformes numériques et internationales. Dans le showroom de son organisation, les produits OCOP occupent une place de choix, dans une stratégie globale de soutien aux filières clés et d’élargissement des réseaux de consommation.

Mais il rappelle que le succès ne peut se limiter au marketing. Pour être vraiment compétitives, ses entreprises doivent impérativement améliorer la qualité de leurs produits et se conformer à des normes de bonnes pratiques agricoles comme VietGAP ou GlobalGAP.

“La qualité de nos produits s’améliore constamment, et nos entreprises étudient sérieusement les tendances et les goûts des consommateurs. Ce qui nous manque encore, ce sont les actions promotionnelles à grande échelle pour faire connaître ces produits de qualité au plus grand nombre. En parallèle, nous devons absolument avoir une meilleure intégration aux réseaux de distribution des multinationales. C’est une tendance moderne qui favorise l’exportation locale via de grands groupes. Si nous saisissons cette opportunité, je suis convaincu que nous pourrons exporter massivement nos produits sur les marchés étrangers,” a-t-il précisé.

Ces cinq dernières années, Hô-Chi-Minh-Ville n’a pas seulement été le laboratoire de modèles OCOP: elle s’est aussi imposée comme un soutien financier solide et un facilitateur de relations commerciales durables. Une métamorphose qui prouve qu’urbanisation et agriculture locale peuvent non seulement coexister, mais se renforcer mutuellement.

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