Un bol de banh da cua. Photo: Thê Hùng |
Au petit matin, dans le célèbre restaurant de Câu Dât, nous rencontrons Phuong, venue de la lointaine province de Lai Châu. Ses yeux pétillent encore de l’émotion de sa première dégustation du banh da cua, ces fameuses nouilles de riz au crabe qui font la réputation de Hai Phong.
“On m’avait tant parlé de ces nouilles au crabe de Hai Phong ! Mais là, les goûter sur place, c’est une révélation totale. Croyez-moi, ça vaut vraiment le voyage de plusieurs centaines de kilomètres. Les nouilles ont cette texture parfaite, ni trop fermes ni trop molles, le bouillon est d’une richesse incroyable”, confie-t-elle.
Pour Vu Manh Tuân, natif de Hai Phong, ce plat est bien plus qu'un simple repas. C'est un véritable rituel quotidien, profondément ancré dans son identité.
“Nous, les gens de Hai Phong, on peut commencer chaque journée avec un bol de banh da cua. C’est notre madeleine de Proust ! Alors forcément, quand des amis viennent de loin, ma première mission c’est de les emmener découvrir cette merveille. C’est notre fierté locale, notre signature culinaire ! Si vous voulez mon conseil, allez au carrefour de Trai Linh, rue Lach Tray - c’est là qu’on trouve les meilleures nouilles au crabe de toute la ville”.
Des garnitures de banh da cua. Photo: Thê Hùng |
Mais Hai Phong ne se résume pas à ses nouilles au crabe. Dans les échoppes de rue, on découvre le banh mi que, ce petit pain d’à peine deux doigts de large qui cache une personnalité surprenante. Nguyên Thi Vân Anh, native de la ville, nous explique ce qui rend ce sandwich si particulier :
“Le banh mi que, c’est notre petit sandwich traditionnel, notre street food à nous ! Ce petit pain n’a rien à voir avec les banh mi qu’on trouve ailleurs au Vietnam. Sa forme, sa taille, sa recette... tout est différent. Le secret, c’est dans la simplicité: juste du pâté maison et une pointe de sauce chili qui réveille les papilles. Vous verrez, deux ou trois de ces petits pains et vous serez complètement rassasiés !”
Le banh mi que. Photo: Thê Hùng |
L’aventure culinaire se poursuit avec les escargots, véritable institution à Hai Phong. Ces gastéropodes, préparés selon d’innombrables recettes, attirent les gourmets de tout le Vietnam. Thu Trang a fait le voyage depuis Hanoï uniquement pour cette expérience:
“Franchement, à Hai Phong, les escargots ont mille et une façons de les préparer: sautés au tamarin, à la noix de coco, ou à la sauce d’œufs salés.... Les épices sont généreuses, parfois ça pique tellement qu’on en a le tournis, mais c’est exactement ça qui rend l’expérience si unique et addictive ! Et puis, il y a tous ces fruits de mer frais, ces nem chua frit (porc fermenté et frit), ces petites bouchées qu’on picore... À chaque visite à Hai Phong, impossible de faire l’impasse sur une soirée escargots. Pour moi, c’est du 10 sur 10 à chaque fois !”
Photo: Thê Hùng |
Au-delà de ces stars gastronomiques, Hai Phong regorge de trésors cachés: ces nem chua du marché Dô, ce délicieux dessert glacé à la noix de coco, cette soupe brûlante de vermicelles au poisson, ces rouleaux de printemps farcis au crabe frais, ces petites crêpes de riz garnies de crevettes... Chaque spécialité raconte une histoire, celle d’une ville façonnée par son rapport à la mer. Trân Thi Hoàng Mai, directrice du Service de la Culture, des Sports et du Tourisme de la ville, analyse cette richesse culinaire avec passion:
“Notre cuisine à Hai Phong, elle a sa propre personnalité, colorée et vibrante. Si vous comparez avec la finesse sophistiquée de Hanoï ou l’élégance raffinée de la cuisine impériale de Huê, nous, on a choisi une autre voie. Notre force réside dans la capacité de nos ancêtres à avoir absorbé diverses influences culturelles pour créer quelque chose d'unique”.
Pour vivre pleinement cette expérience gastronomique, armez-vous d’un solide appétit et prévoyez au minimum deux jours sur place. Car à Hai Phong, la gastronomie n’est pas qu’une affaire de papilles, c’est une immersion culturelle totale. Une cuisine rustique et sincère qui vous donnera une seule envie: y revenir.