Des tisserands-nés

Vinh Phong
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(VOVworld) - Les Muong sont des tisserands-nés. Il faut dire que leurs brocatelles passent, et à juste titre, pour être de véritables œuvres d’arts. Du cotonnier à la tunique brodée, c’est tout un savoir-faire artisanal qui se déroule.

 

(VOVworld) - Les Muong sont des tisserands-nés. Il faut dire que leurs brocatelles passent, et à juste titre, pour être de véritables œuvres d’arts. Du cotonnier à la tunique brodée, c’est tout un savoir-faire artisanal qui se déroule.

 

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Les Muong cultivent eux-mêmes le coton dont ils font leurs brocatelles. La moisson débute dès le 5ème mois lunaire, alors que les champs de cotonniers commencent à peine à moutonner. Après récolte, les poils de coton sont traités pour permettre la filature, puis le tissage des fibres obtenues.

La tradition veut qu’une fille qui se marie puisse offrir à sa belle-famille une douzaine de couvertures et de matelas confectionnés par ses soins depuis de nombreuses années puisqu’en général, il est de coutume de se mettre à l’ouvrage dès l’âge de 13-14 ans. Ces cadeaux sont censés certifier à sa belle-mère qu’elle n’a pas été trompée sur le marchandise, et que sa bru sera bel et bien l’habile tisserande qui saura faire le bonheur de toute la maisonnée…

Naturellement, tisser, ça suppose de posséder toute une litanie d’outils divers et variés, à commencer par l’égreneuse, le rouet, les ros et l’indispensable métier à tisser sans lequel il n’est point de salut en terre Muong. 

La filature consiste à étirer et à tordre une mèche sur un métier à filer. Le fil affiné et tordu est ensuite enroulé sur une bobine. Il faut savoir qu’un fil de coton de qualité se doit d’être résistant, élastique et régulier.

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Les fils obtenus peuvent maintenant être tissés. Chaque jour, on peut confectionner entre 7 et 10 mètres d’étoffe blanche, mais seulement entre 2 et 3 mètres de tissus décorés. Nguyen Thi Sen : « Après le tissage, on procède à la teinture proprement dite. Les couleurs sont tous naturelles, confectionnées à base de feuille. Le jaune, par exemple, est extrait du curcuma, et le noir de l’indigo... Je cueille des feuilles d’indigo et je les trempe pendant trois jours, à peu près, pour obtenir un liquide noirâtre que je filtre ensuite. Pour réussir une belle étoffe, ça demande beaucoup de temps et de travail. Mais en général, il faut bien reconnaître que nos étoffes sont vraiment résistantes. »       

Les Muong ont du style, on ne le dira jamais assez ! Les hommes arborent volontiers des chemises courtes en soie ou en coton, fendues sur le côté. Quant à leurs pantalons, ils sont plutôt larges. Ils se coiffent d’un foulard, assez rudimentaire si on le compare à celui que portent les femmes. Ces dernières ont en effet quelques coquetteries à faire valoir dans ce domaine. Les jeunes filles portent une coiffe conique, les dames d’un certain âge, des coiffes rondes, rien que ça ! Bui Huy Vong, chercheur, nous confie : « Les femmes Muong revêtent un chemisier appelé « cóm », une longue jupe noire et une coiffe au niveau de la tête. Autrefois, les femmes issues de la noblesse faisaient un noeud au-dessus du chignon, tandis que les femmes de la classe populaire le mettaient au-dessous. »

Le chemisier « cóm » qu’évoque Bui Huy Vong a de longues manches et de multiples couleurs. Mais c’est cette longue jupe noire, légèrement bordée de brocatelle, portée si gracieusement par les jeunes filles, qui fait toute l’élégance du costume traditionnel Muong. Les bordures de ces fameuses jupes donnent bien souvent lieu à une explosion de motifs ornementaux, tous plus sophistiqués les uns que les autres. Bui Huy Vong, toujours : « Ces motifs sont présents aussi sur les tambours de bronze de Dong Son. Il y a des motifs réservés uniquement à la noblesse, comme le dragon par exemple, que les femmes des classe populaires ne peuvent pas porter. »

Plus qu’un simple artisanat traditionnel, le tissage est un véritable patrimoine pour les Muong, ou plutôt un matrimoine puisque le savoir-faire se transmet de mère à fille. Leurs brocatelles sont de véritables hymnes à la nature, une nature tout à la fois protectrice et nourricière. 

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Voilà, j’espère, chers auditeurs, que vous n’aurez pas perdu le fil !... Il me reste à vous donner rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles pérégrinations ethnico-chromatiques, comme le veut la formule désormais consacrée.   


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