Quand elles en ont le temps, Oàng Vu Xuyên et les autres femmes de Ta Xin Thàng confectionnent leurs habits avec passion et minutie. Elles adorent les couleurs vives.
«Il m’a fallu 10 jours pour broder ce chemisier de fleurs roses et blanches et de feuilles vertes. Les vêtements masculins sont plus sobres, avec seulement du blanc et du noir», nous dit Xuyên.
Assorti de grains d’argent, le chemisier est serré et n’a pas de col. Oàng Lung Xênh, une autre Xa Phang, nous en dévoile quelques secrets.
«Les couleurs des vêtements varient en fonction de l’âge de celle qui les porte. Entre 15 et 30 ans, les filles et les femmes adorent les couleurs vives. Plus elles sont âgées, plus elles privilégient les couleurs sombres, et leurs habits deviennent unicolores, le noir devenant la couleur de référence. Les initiés peuvent également, par simple observation des vêtements, distinguer entre une femme pas encore mariée et une autre qui l’est déjà», indique-t-elle.
Tranchant avec la coquetterie des habits féminins, les costumes traditionnels des hommes Xa Phang sont simples, ne comprenant qu’un pantalon et une chemise. Ces messieurs sont libres de choisir les couleurs, mais adeptes de la sobriété, ils optent généralement pour un pantalon noir et une chemise unicolore, dont le seul élément un peu coquet est les boutons, qui sont d’une couleur différente de celle de la chemise. Ils sont en tissu et confectionnés manuellement.
Les chaussures brodées sont l’accessoire typique de l’art vestimentaire local. En 2021, le métier de fabrication de chaussures brodées des Xa Phang a d’ailleurs été inscrit au Patrimoine culturel immatériel national.
Ces chaussures comportent des motifs brodés aux couleurs chatoyantes, que nous présente Oành Lù Sên, une brodeuse.
«En plus des motifs de décoration hérités de nos ancêtres, nous sommes libres d’en inventer de nouveaux, plus beaux et plus sophistiqués», partage-t-elle.
Les semelles des chaussures Xa Phang sont composées de plusieurs couches de bambou collées entre elles par un adhésif à base de tubercules sauvages. Elles sont confectionnées sur mesure, avant d’être enveloppées d’une couche de tissu. Les fils à coudre sont faits à base d’écorce d’arbre. Pour solidifier leurs chaussures, les couturiers ajoutent à ces fils naturels des fils en nylon. Quant à la première de propreté, elle est en velours et imprimée de fleurs, comme nous le précise Oàng Lung Xênh.
«Nous avons trois types de chaussures: pour les jeunes, pour les personnes âgées et pour les enfants. Les garçons commencent à en porter à l’âge de 3 ans, alors que les bébés filles en portent à partir d’un an. Les chaussures des jeunes sont plus ornementées que celles des vieux», explique-t-elle.
Avec un savoir-faire jalousement préservé et transmis de génération en génération, les chaussures et les habits traditionnels des Xa Phang ne sont pas de simples objets quotidiens. C’est une véritable création artistique et culturelle singulière de ce peuple du plateau calcaire de Tua Chua.