La maison GuoI traditionnelle du village communautaire de Ta Lang. Photo: Tuyết Lê/VOV

Situé le long de la route Hô Chi Minh, le village de Ta Lang s’est métamorphosé. Les visiteurs qui font le déplacement ne sont pas de simples spectateurs mais de véritables acteurs d’un mode de vie traditionnel. Ils participent à la cueillette de légumes sauvages et de pousses de bambou dans la forêt, s’essaient à la pêche dans les ruisseaux cristallins, préparent leurs propres repas et vibrent au rythme des instruments traditionnels sous le toit imposant des maisons Guol. A Lang Mit, un habitant du village, témoigne de cette transformation radicale. 

«Auparavant, nous, les Co Tu, dépendions uniquement de l’agriculture sur brûlis. La pauvreté et la faim étaient notre quotidien. Depuis la création du village touristique communautaire de Ta Lang en 2019, ma vie et celle de mes voisins ont commencé à changer», nous dit-il.

Grâce à une subvention gouvernementale de 1.600 dollars et un emprunt complémentaire, A Lang Mit a transformé sa demeure en maison d’hôtes en proposant des nuitées à 4 dollars par personne. Cette ouverture au tourisme a déclenché une prise de conscience environnementale remarquable chez les Co Tu. Soucieux de préserver l’attrait de leur territoire, ils ont reconstruit des maisons Guol traditionnelles, organisé des formations en sécurité alimentaire et en hygiène, constitué des équipes culinaires spécialisées dans les plats ancestraux et relancé l’artisanat du tissage et du brocart.

Une visiteuse observeune habitante en train de tisser du brocart. Photo: Tuyết Lê/VOV

Les spectacles traditionnels - danses tâng tung, da da, et chants ly - enchantent désormais les visiteurs qui peuvent également explorer le complexe forestier de Po Mu et l’ancienne forêt de rhododendrons, véritables sanctuaires de biodiversité. Mac Nhu Phuong, président par intérim du Comité populaire du district de Tây Giang, auquel est rattaché le village de Ta Lang, souligne l’engagement des autorités. 

«Notre district mise sur l’investissement et l’accompagnement des populations pour développer le tourisme, particulièrement le tourisme communautaire. Nous avons également créé plusieurs zones de services écologiques comme les sites touristiques de Dinh Quê et de Lôc Troi. Ces initiatives fonctionnent bien et dynamisent l’économie régionale. Nous poursuivons nos formations pour guider les populations dans le développement touristique, améliorer leurs conditions de vie et réduire la pauvreté», nous explique-t-il.

Dans le district voisin de Dông Giang, le village touristique communautaire de DhRôông illustre une autre facette de cette révolution. Opérationnel depuis 2019 avec 35 familles participantes, il a su transformer l’artisanat traditionnel en véritable activité économique. Briu Thi Hanh, membre du groupe de tissage de brocart, nous raconte cette mutation. 

«Autrefois, le brocart servait uniquement aux besoins familiaux. Aujourd’hui, nos créations deviennent des cadeaux pour les touristes. Je vends mes foulards 11 dollars par pièce. Ce produit a même obtenu la certification ‘À chaque commune son produit’. Je confectionne aussi d’autres souvenirs: sacs à main, étuis de téléphone, trousses à stylos...», nous confie-t-il. 

Des touristes étrangers participent aux activités du village touristique communautaire de Dông Giang. Photo: Tuyết Lê/VOV

Cette dynamique s’étend désormais à des dizaines de villages et de hameaux des districts montagneux. La province de Quang Nam a déployé une stratégie globale de soutien: renforcement des partenariats avec les entreprises et agences de voyages, formation de guides touristiques, campagnes promotionnelles sur les réseaux sociaux. Hô Quang Buu, vice-président du Comité populaire provincial, dessine les perspectives. 

«Quang Nam mise résolument sur le tourisme de montagne en encourageant les modèles communautaires, les villages artisanaux et le tourisme rural. Notre stratégie consiste à connecter les circuits montagnards aux destinations phares que sont Hôi An et My Son, ainsi qu’au tourisme côtier. Cette synergie apportera une valeur ajoutée considérable aux acteurs du tourisme communautaire des zones montagneuses», nous indique-t-il. 

Pour les Co Tu, autrefois cantonnés à une agriculture de subsistance, s’ouvre désormais un avenir où traditions ancestrales et modernité touristique s’enrichissent mutuellement. Un modèle prometteur qui inspire déjà la création de nouveaux produits touristiques, faisant de ces hauts plateaux une destination prisée des voyageurs en quête d’authenticité.