Un produit du village de Thu Hông. Photo: Trịnh Văn Bộ/VNP |
Autrefois, le village de Thu Hông était entouré de bambou. Aussi les villageois ont-il construit leur maison communautaire entièrement en bambou. Et puis au fil du temps, ils ont commencé à fabriquer des objets et même des meubles, toujours en bambou: des paniers, des corbeilles, mais aussi des tables, des chaises, des banquettes, des lits ou des grabats. D’abord destinés à un usage domestique, ces objets ont peu à peu conquis le marché.
Pour réaliser un objet parfait, l’artisan doit être précis et doté d’un sens esthétique développé. Tout est bon, dans le bambou: les perches servent à fabriquer les meubles, les lamelles sont tressées pour faire des surfaces planes et même les racines sont mises à contribution: on peut en faire des figurines des dieux de la Chance, de la Prospérité et de la Longévité.
Grâce à leur habileté et à leur travail acharné, les artisanes de Thu Hông - c’est essentiellement une affaire de femmes - créent des objets simples, solides, durables et élégants. Mais pour Dang Phuong Cuc, c’est la qualité du matériau qui fait tout…
«Le bambou de Thu Hông est particulièrement solide. Tous nos meubles sont soigneusement assemblés, ce qui les rend très résistants. De plus, nous traitons le bambou avec grand soin: il est immergé pendant au moins un an avant d’être utilisé», nous indique-t-elle.
Dang Phuong Cuc, une artisane de Thu Hong. Photo: VOV |
Alors que de nombreux métiers traditionnels disparaissent, les femmes de Thu Hông renouvellent leur savoir-faire. Elles choisissent des matériaux écologiques, inventent des modèles nouveaux et vendent leurs produits sur des plateformes en ligne. Grâce à leur passion, leur habileté et leur persévérance, elles font vivre une petite industrie artisanale «verte» au cœur du village.
D’après Nguyên Thi Tuyêt, qui est une autre artisane du village, le tressage manuel n’est pas seulement un moyen de subsistance, mais aussi un héritage et une fierté.
«Je tiens profondément à ce métier ancestral. Je souhaite le préserver et le faire évoluer pour que notre village continue de prospérer et de se développer», nous dit-elle.
Les femmes jouent un rôle clé au sein de la communauté qu’elles poussent à adopter des pratiques de production et de consommation plus économes et respectueuses de l’environnement.
Pour répondre aux attentes des consommateurs, les artisanes du village réinventent sans cesse leurs produits, alliant la simplicité et l’authenticité de la tradition à la modernité et au rythme de la vie urbaine. La diversité des modèles et la qualité des créations séduisent de plus en plus de clients, parmi lesquels Nguyên Van Ba.
«Les produits du village de Thu Hông incarnent pleinement la qualité, la richesse culturelle et l’âme d’un métier traditionnel», constate-t-il.
Une maison en bambou construite par les artisans de Thu Hông, pouvant durer jusqu’à cent ans. Photo: Trịnh Văn Bộ/VNP |
Il faut savoir que les artisans de Thu Hông construisent également des maisons en bambou. Leur secret réside dans la précision de la technique de perçage: les trous pour assembler les poutres sont d’une exactitude et d’une solidité remarquables. Héritiers du savoir-faire des générations précédentes, les artisans continuent de se former et de se perfectionner. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Nguyên Xuân Tua.
«Les maisons en bambou sont vraiment une spécificité de Thu Hông. Aujourd’hui, on exporte des produits à Taïwan, en République de Corée, en Chine... Il faut que le village poursuive son développement, c’est vrai, mais en préservent son identité», nous confie-t-il.
En plus de trois siècles d’existence, le village de de Thu Hông a - on s’en doute - connu des hauts et des bas. Grâce aux politiques de réhabilitation des métiers traditionnels du gouvernement, il a néanmoins consolidé sa place.