Écharpes aux motifs raffinés et minutieusement travaillés. Photo: Hoàng Qui/VOV Hauts Plateaux |
Dans une petite maison sur pilotis, Ro Cham Mlonh, plus de 70 ans, s’affaire encore chaque jour sur son métier à tisser. Ses mains agiles glissent le peigne avec dextérité, mêlant les sons du tissage au rythme de la vie du village. «Les Jarai utilisent surtout les couleurs noire, rouge et blanche comme base, ce qui rend leurs tissus très appréciés des visiteurs», nous explique Ro Cham Suynh, membre du groupement coopératif de tissage de Kep.
«C’est un métier que j’ai appris de ma mère. Aujourd’hui, en plus de fabriquer des vêtements ou des sacs, nous faisons des démonstrations pour les touristes. Cela nous aide à préserver notre tradition tout en gagnant mieux notre vie», nous dit-elle.
Des femmes tissent au sein du groupe artisanal du village de Kep. Photo: Hoàng Qui/VOV Hauts Plateaux |
Pour les habitants, chaque étoffe est bien plus qu’un produit: c’est une histoire, une mémoire collective, comme nous le confie. Ro Cham Hao.
«Nous tissons pour ne pas oublier nos coutumes d’autrefois. Quand les visiteurs viennent, ils peuvent commander des sacs ou des écharpes», nous indique-t-elle.
À l’origine de cette renaissance, H’Uyên Niê, 38 ans, qui a eu l’idée de moderniser le métier en transformant les tissus en souvenirs accessibles.
«Nous fabriquons des sacs, des portefeuilles, des articles pratiques à partir des étoffes traditionnelles. Ainsi, les visiteurs peuvent repartir avec un souvenir à leur goût et à prix abordable», nous explique-t-elle.
Fondée en 2019 avec 15 membres, la coopérative de tissage en compte aujourd’hui plus du double. Le groupe fonctionne sur un principe de rotation: chaque artisane guide les touristes à tour de rôle.
«Nous privilégions les femmes défavorisées, afin qu’elles puissent directement bénéficier du tourisme communautaire et ainsi garder la passion pour leur culture», déclare H’Uyên Niê.
H’Uyên Niê porte le costume traditionnel jarai. Photo: Hoàng Qui/VOV Hauts Plateaux |
Chaque année, le village accueille entre 4.000 et 5.000 visiteurs. Un chiffre modeste, mais prometteur pour un modèle alliant patrimoine et développement durable.
«J’espère que les jeunes continueront à tisser, même si c’est difficile. En tissant, on sauvegarde notre culture et on gagne un revenu grâce aux visiteurs», nous confie Ro Cham Monh avec émotion.
Des visiteurs découvrent l’artisanat du tissage traditionnel au village de Kep. Photo: Hoàng Qui/VOV Hauts Plateaux |
Pour Nguyên Tiên Dung, président du Comité populaire de la commune d’Ia Ly, celle à laquelle est rattachée le village de Kep, le tourisme communautaire est une opportunité à saisir.
«Le tourisme communautaire lié au tissage est devenu un atout de la région. Cela crée des emplois, attire les touristes étrangers et permet de valoriser la culture locale», nous fait-il observer.
Transmission du savoir-faire du tissage aux jeunes du village. Photo: Hoàng Qui/VOV Hauts Plateaux |
Aujourd’hui, les habitants de Kep collaborent avec des agences de voyage et aménagent des espaces pour enseigner le tissage, accueillir les visiteurs et exposer leurs créations. Pour eux, chaque tissu est «un message culturel», tissé avec le cœur et l’esprit, symbole vivant d’une identité qui se transmet de génération en génération.