“Thua me con di”, ode à l’amour

Maud-Alexia
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(VOVWORLD) - Le 16 août est sorti le film «Thua me con di», film vietnamien indépendant et traitant de la cause LGBT. En quittant les locaux de VOV ce jour-là, Maud-Alexia est allée au cinéma. Et a immédiatement pris contact avec le scénariste du film, Nhi Bùi.

On ne parle pas d’une superproduction vietnamienne. Mais d’un drame sorti de l’imagination du tout jeune scénariste Nhi Bùi il y a quelques années et finalement réalisé par Trinh Dinh Lê Minh. «Thua me con di» raconte l’histoire de Van, un jeune Vietnamien retournant dans sa famille après plusieurs années d’absence. Avec lui, Ian son compagnon qu’il présente comme son ami. Commence alors le parcours vers la vérité, l’acceptation, et au-delà de l’amour entre les deux hommes, il y a celui entre la mère de Van et lui.  Au cours d’un long échange avec Nhi Bùi, il m’a expliquée pourquoi cette histoire lui tenait tant à cœur:

«Les sujets à propos de la famille, de l’amour, de jeunes gens qui font des choix et les histoires auxquelles les gens peuvent s’identifier m’ont toujours intéréssés. C’est quelque chose de très important pour moi, peut-être parce qu’en grandissant j’ai eu de nombreuses décisions difficiles à prendre comme choisir entre vivre au Vietnam ou en Europe. Dans ‘Thua me con di’, tous les personnages sont confrontés à des choix. Entre qui ils sont maintenant et ce qu’ils veulent faire.»

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Les acteurs qui jouent les trois personnages principaux du films : Hông Dào, Lanh Thanh et Vo Diên Gia Huy (photo: Dinh Duy/Tuoitre.vn)

S’il y a bien un mot pour définir Nhi Bùi et son histoire, c’est profond. À travers notre échange, j’ai encore plus compris ce qui lui tenait tant à cœur dans ce film et quelles idées il a voulu faire passer. D’ailleurs, je ne suis pas la seule à être aussi enthousiaste puisque la productrice qu’il a rencontrée à l’époque l’a tout de suite soutenu:

«Au début j’avais une idée, solide mais loin d’être l’histoire complète. Pourtant elle m’a dit ‘J’adore cette histoire’. Nous étions d’accord que ce récit devait être fait et pour cela, qu’il fallait travailler avec un réalisateur qui en était à son premier essai. Pour que nous puissions nous asseoir à la même table et partager nos idées.»

C’est ainsi que Trinh Dinh Lê Minh est apparu. Si Nhi Bùi le décrit comme un véritable citadin qui ne savait pas vraiment comment la vie de famille était à la campagne, il admet volontiers que le réalisateur a toute sa confiance. Et que cette confiance leur permis de sortir un film dont ils sont fiers et qui leur a attiré l’affection des spectateurs. :

«L’amour du public est très fort. Nous recevons beaucoup de messages nous remerciant d’avoir fait un si beau film. Beaucoup de spectateurs peuvent s’identifier à l’histoire, pour nous c’est incroyable.»

En riant, il m’avoue que parfois il lit les commentaires et les critiques et finit par pleurer tant elles sont chaleureuses. Mais en tant que scénariste et producteur, il retient une grande leçon. Bien qu’il souhaite raconter une histoire qui en vaille la peine, il tient à ce que le film lui permette de rendre aux investisseurs l’argent qu’ils ont mis et à honorer leur confiance. Quant à ceux sans qui le film n’aurait pas pu voir le jour, c’est-à-dire l’équipe réalisatrice et les acteurs, le jeune scénariste n’a de cesse de les remercier. Notamment ceux qui, bien qu’ils soient connus dans l’industrie du cinéma vietnamien, ont accepté de participer à ce projet. Il est heureux que toutes ces personnes aient ressenti au moins autant que lui l’envie de donner vie à Thua me con di.

Nhi Bùi a également une relation privilégiée avec ses personnages. Notamment avec celui de la grand-mère du personnage principal dont il se sent le plus proche en raison des similitudes avec sa propre aïeule. Pourtant il tient à préciser que ce film n’est pas tiré de sa propre vie et que certains personnages ne se sont pas dessiné d’eux-mêmes:

«Les personnages de la grand-mère et de Ian n’ont jamais changé tandis que nous avons modifié ceux de la mère et de Van. En tant que scénariste, j’ai eu du mal à améliorer ces derniers, car ils sont les personnages principaux. Mais nous craignions que le lien si pur entre la grand-mère et Ian ne fasse de l’ombre aux scènes entre la mère et Van. En écrivant l’histoire, je savais que le public aimerait la relation des deux premiers.»

Et effectivement, le public a su apprécier ces deux rôles dans ce film si puissant. C’est le cas de Linh, qui va pourtant rarement au cinéma. Retrouvant sa propre grand-mère dans le personnage de celle du film, elle explique:

«Comme dans le film, ma grand-mère oublie tout. Pensant que je suis toujours à l’école, elle ne manque jamais de me donner 5000 dôngs pour me payer une boisson. Comme la grand-mère avec Ian. Même si elle n’a pas grand-chose, elle est d’un grand soutien. Cette scène m’a touchée, c’est la chose la plus spéciale que j’ai aimé dans ce film.»

Quant au film en lui-même, elle dit pouvoir le rattacher à la vie de ses propres amis:

«J’ai des amis qui craignent de faire leur coming-out. Ça me fait de la peine car certains d’entre eux ont quelqu’un dans leur vie. À travers ce film, je pouvais retrouver leur histoire. Il encourage les jeunes générations à vivre pour eux-mêmes mais également les parents à avoir l’esprit plus ouvert. J’espère que beaucoup d’entre eux iront le voir. Simplement parce que la famille est quelque chose de très important au Vietnam et que le soutien de sa famille l’est pour tout le monde. Il devrait y avoir plus de films comme celui-ci au Vietnam. Magnifiques, qui ont du sens et touchent à de véritables sujets.»

 Un sentiment qui rejoint celui de Nhi Bùi qui souhaite donner aux gens l’envie de se débarrasser de tous leurs préjugés pour encourager ceux qu’ils aiment avec un cœur pur.

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