Dès les premières lueurs de l’aube, la petite rue Bao Khanh (arrondissement de Hoàn Kiêm, Hanoï) commence à s’animer. Cliquetis des couteaux, marmites en ébullition… Le va-et-vient des premiers préparatifs réveille doucement le quartier. Une nouvelle journée commence… comme toutes les autres, ou presque.

Le restaurant se met en action dès 4h du matin et accueille ses premiers clients à partir de 6h. Photo: Quynh Anh

Cela fait maintenant trois mois que la rue abrite le «Pho Treo» (Pho à crédit)… Véritable «soupe populaire» s’il en est, ce restaurant offre - son nom l’indique - des bols de pho à celles et ceux qui sont dans le besoin. Les réseaux sociaux se sont récemment emparés du phénomène, et les médias traditionnels ont suivi, à tel point que désormais, la rue Bao Khanh est devenue une véritable curiosité. 

«C’est grâce aux réseaux sociaux qu'on a découvert le restaurant ‘Pho à crédit’. En fait, on se baladait dans le coin, à la recherche d'un bon resto. Et comme on passait par la rue Bao Khanh, j’ai dit à ma copine ‘si on s'arrêtait ici pour trouver le fameux Pho à crédit?’»  

«J'ai découvert le restaurant grâce à TikTok. Au début, je n'y prêtais pas vraiment attention, mais à force de voir ça constamment sur ma page d'accueil, j'ai fini par devenir curieux. Aujourd'hui, c'est la première fois. J’étais déjà venu une fois, avant, mais il y avait vraiment trop de monde!» 

Ce que peu de gens savent, c’est que cet élan de générosité ne date pas d’hier. C’est depuis 2012 que Phan Lê et son mari Hoàng offrent ainsi des repas gratuits aux nécessiteux. La seule nouveauté réside dans l’enseigne qui signale désormais le lieu, et qui a suffi pour que la nouvelle se répande comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.    

Petite par sa taille, cette nouvelle enseigne de bois surprend la famille de Phan Lê par sa force. Photo: Quynh Anh

Comme quoi, il suffit que quelqu’un prenne une initiative généreuse pour qu’il fasse des émules. La générosité serait-elle contagieuse ? Eh bien oui, si l’on en croit Hoàng, le mari de Phan Lê…     

«Je sais que ça peut paraître surprenant, mais les donateurs sont plus nombreux que les bénéficiaires. Parfois, il nous reste du pho en fin de la journée. Dans ces cas-là, on arrête de recevoir des dons pour quelques jours. De toutes façons, il suffit d'ouvrir les portes, et les donateurs accourent... La seule qui m’inquiète, c’est de rester en bonne santé pour pouvoir continuer», nous confie-t-il.

Le restaurant offre des espaces climatisés à l'intérieur et une terrasse à l'extérieur. Photo: Quynh Anh

À en juger par le succès de la formule, il y a gros à parier que «Pho à crédit» a encore de très beaux jours devant lui… C’est d’autant plus vrai que chaque bol de pho fumant raconte une histoire de solidarité, où la chaleur humaine se mêle à des gestes simples...

«Le temps file, les jours s’éteignent en douceur,

Mais la générosité reste, éclat d’un cœur»…