Photo : Zingnews
|
Chao Yên est née en 1990, dans le district de Bat Xat, rattaché à la province de Lào Cai. Rien ne la prédestinait à recevoir une bourse Erasmus Mundus pour suivre des études en Italie et en Allemagne. Ce sera pourtant chose faite en 2016, au terme d’un parcours fait d’abnégation et de volonté. «Il est impossible de choisir son lieu de naissance, mais chacun peut choisir son avenir», semble-t-elle nous dire tout au long de la centaine de pages que comporte son livre.
Si certains sont nés sous une bonne étoile, Chao Yên, elle, est née sous le signe du dénuement et de la pauvreté. Une pauvreté extrême qu’elle vit d’abord en famille, au contact d’une nature parfois hostile, rarement nourricière... Une pauvreté qui lui fera toucher le fond, comme pour mieux rebondir ensuite. Une pauvreté, enfin, qui aurait pu faire d’elle une analphabète si les siens n’avaient pas décidé de tout miser sur elle, l’armant ainsi d’une confiance inébranlable.
«Je me rappelle que ma mère pleurait beaucoup, mais sans doute davantage à cause du ‘qu’en dira-t-on?’ qu’à cause de notre situation pourtant si précaire», se souvient-elle. «Je sais que mes frères et soeurs ont dû consentir beaucoup de sacrifices pour me pertmettre, à moi, d’aller à l’école. J’ai vite compris que toute la famille avait misé sur moi. Dans ces cas-là, il n’y a pas de choix: on va de l’avant.»
Chảo Yến (2e, droite) et ses camarades de classe en Allemagne
Photo : Facebook
|
Le livre de Chao Yên est l’histoire d’une jeune fille qui doit se développer en nageant à contre-courant: à contre-courant des préjugés des habitants de son village, mais aussi à contre-courant d’un destin qui, pour tout autre qu’elle, eût été accepté avec fatalisme et résignation. Mais c’est souvent dans l’adversité que se forgent les tempéraments forts, et à ce jeu-là, Chao Yên ne fait pas exception, car il lui en aura fallu, du tempérament, pour devenir l’éminente spécialiste en sylviculture qu’elle est aujourd’hui...
«Je n'aime pas trop les slogans du type ‘Sensibilisons la communauté à la protection des forêts’. Je préfererais qu’on parle d’améliorer les conditions de vie des gens vivant en milieu forestier de façon à leur permettre de ne plus considérer la forêt comme un moyen de subsistance… Ça me paraîtrait beaucoup plus juste… C’est pour ça, du reste, que je me suis spécialisée dans la gestion des ressources forestières, à l’université: parce que moi aussi je suis passée par là. Vous savez, il ne faudrait surtout pas croire que les minorités ethniques ne comprennent pas l’importance des forêts. Simplement, il faut bien qu’ils survivent!... », nous dit-elle.
C’est en effet en se basant sur sa propre expérience que Chao Yên s’est forgée la conviction qu’il fallait absolument aider les minorités ethniques du Vietnam à trouver des moyens de subsistance durables. C’est d’ailleurs au nom de cette même conviction, aussi généreuse que solidement enracinée, qu’elle a décidée de rentrer au pays, sitôt ses études terminées en Europe: il lui fallait agir, pour les siens…
«Ce qui me plaît dans mon travail, c’est que ça me permet de contribuer à l’amélioration des moyens d’existence des communautés ethniques vivant à proximité des forêts», nous confie-t-elle. «Moi-même, quand je suis retournée à l’école au bout de trois années d’interruption, j’ai reçu beaucoup d’aides, alors forcément, je crois en la solidarité.»
Chảo Yến participe en 2019 à un Forum sur le développement durable en Indonésie.
Photo : Facebook
|
Chao Yên a versé 10% des bénéfices de la vente son livre pour mettre en place un fonds de bourse destiné aux étudiants pauvres de son village natal, mais aussi aux étudiants pauvres de l’École supérieure d’agriculture et de sylviculture. Pour ce qui est de l’ouvrage lui-même, on peut le trouver dans toutes les librairies du pays, au prix de 88 mille dôngs. À noter que des réductions de 10% sont consenties à celles et ceux qui l’achèteraient sur le portail électronique www.tiki.vn.