Les Thuy de Tuyên Quang

Thu Hang
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(VOVWORLD) - Thuy est un prénom fréquent au Vietnam, plutôt chez les femmes que les hommes, mais c’est aussi la dénomination d’un groupe ethnique ultraminoritaire qui a élu domicile, il y a un siècle, à Thuong Minh, un village de la province septentrionale de Tuyên Quang. Ils sont encore une bonne centaine, à ce jour, vivant de façon dispersée entre les Mông, les Dao, les Tày et les Pà Then dont ils ont adopté bien des pratiques. Cela étant, les Thuy préservent encore leur langue, leurs costumes et leurs chants traditionnels.
Les Thuy de Tuyên Quang - ảnh 1

Les Thuy parlent la langue de leurs ancêtres, mais ne peuvent plus l’écrire. Ils chantent aussi des chansons anciennes, une trentaine en tout, la moitié étant des chants alternés et le reste, des chants rituels. Ly Van Ngoc, membre de cette ethnie, regrette que les chamans disparaissent peu à peu et emportent avec eux, des pratiques culturelles et rituelles ancestrales.

«Il en reste quelques-uns, seulement, qui sont capables de conduire des cérémonies, que nous avons dû simplifier d’ailleurs. Il n’y a que la langue parlée qui n’a pas changé par rapport au temps de nos grands-parents», nous dit-il.

Les Thuy s’habillent sobrement. Leurs vêtements féminins sont noirs, avec quelques bandes bleues, blanches et rouges au niveau du col, du coude, du poignet, de la ceinture, du bas de la robe ou du turban.

Leur cuisine non plus n’a rien de sophistiquée. Ils mangent du riz, des légumes, mais aussi des porcs et des poulets qu’ils élèvent eux-mêmes. Leurs seuls plats considérés comme des spécialités culinaires sont un gâteau aux œufs de fourmis et de la viande de porc salée, qu’ils consomment uniquement à l’occasion des grandes fêtes.

Les Thuy de Tuyên Quang - ảnh 2

Autrefois, lorsqu’un garçon voulait épouser une fille, sa famille devait préparer 12 jarres d’alcool, 4 coqs castrés et… 33 ou 25 pièces en argent. Pourquoi 33 ou 25 pièces? Selon les personnes âgées, seules les filles jugées parfaites par la famille du futur mari avaient droit à 33 pièces, celles qui manquaient d’adresse devaient se contenter de 25 pièces. Mais là, c’est du passé. Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé et les autorités locales tentent d’aider les Thuy à préserver l’essence de leur identité, à en croire Ta Van Cuong, vice-président du Centre de culture, de communication et de sport du district de Lâm Binh, auquel est rattaché le village de Thuong Minh.

«L’identité culturelle des Thuy est un atout touristique majeur pour notre district», affirme-t-il. «Aussi veillons-nous à ce que leurs chants et leurs costumes traditionnels soient mis en avant dans les fêtes culturelles locales».

Les Thuy attirent les touristes autant qu’ils attirent les chercheurs. Comment ce groupe ultraminoritaire n’a-t-il pas été assimilé par les autres? Que faire pour l’aider à préserver son identité qui contribue à la diversité culturelle vietnamienne? Autant de questions auxquelles il est nécessaire de trouver une réponse. Et il y a urgence, les Thuy ne sont plus qu’une centaine et lorsque les vieilles personnes passeront de ce monde à l’autre, elles emporteront les dernières traditions, faute d’avoir pu les transmettre.

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