Les Sedang récoltent leurs plantes médicinales dans le district de Dak Glei. |
Aux derniers jours de l’année, Y Hiêp et son mari s’affairent encore dans leur jardin de codonopsis javanica, une plante grimpante cultivée pour les vertus thérapeutiques de ses racines, que d’aucuns surnomment «le ginseng des pauvres». Y Hiêp est plus que satisfaite, ses racines se vendent très bien. En 2018, elles lui ont rapporté 250 millions de dôngs (soit 9.700 euros). En 2019, ce montant a été encore plus élevé, nous dit-elle.
«Cette plante est beaucoup plus rentable que le caféier. Elle se vend plus cher, et il y a une forte demande. De plus, elle est facile à cultiver. On n’a qu’à la planter et les clients viennent la chercher directement dans le jardin. Cette année, la récolte a été excellente, les racines sont grandes et belles, cela m’a rapporté cinq millions de dôngs par jour», s’exclame-t-elle.
Les Sedang cultivent leur codonopsis javanica à l’ombre des grands arbres, mais aussi au milieu de leurs maniocs et de leurs caféiers. Partout, elle pousse à merveille, tout comme une autre plante endémique, le panax vietnamensis, communément appelé le ginseng de Ngoc Linh. D’autres plantes médicinales, telles que l’angélique de Chine, semblent aussi très adaptées au sol et au climat local. Y Mua l’aime particulièrement, cette plante lui rapporte des dizaines de millions de dongs par an.
«L’angélique de Chine est bien plus facile à cultiver que le caféier. Ça fait deux ans que je la cultive et qu’elle me rapporte beaucoup d’argent. Les commerçants viennent la chercher dans le jardin. Je vends 40. 000 dôngs le kilo de racines et 2.000 dôngs le kilo de feuilles», précise-t-elle.
Les Sedang plantent le ginseng de Ngoc Linh à l’ombre des grands arbres. |
Sur le plan économique, les plantes médicinales détiennent le record de la rentabilité. Rien que dans le district de Tu Mo Rông, les Sedang ont planté 30 hectares de ginseng de Ngoc Linh. Il faut savoir que cette plante se vend 100 millions de dôngs (3.900 euros) le kilo, racines et feuilles vertes comprises! Quant au codonopsis javanica, il assure un revenu confortable d’un milliard de dongs (3,9 millions d’euros) par hectare. Pour Lê Duc Tin, vice-président du comité populaire du district de Kon Plông, la culture des plantes médicinales est le remède miracle pour sortir durablement de la pauvreté.
«Ce que nous avons fait depuis deux ans est encore modeste, mais a quand même permis à beaucoup de familles d’en finir avec la pauvreté et même de s’enrichir. Nous allons poursuivre le développement des cultures de plantes médicinales. La pauvreté reculera rapidement et définitivement, nous en sommes convaincus», affirme-t-il.
En 2019, le service agricole de la province de Kon Tum a fourni aux habitants et aux entreprises implantées sur son territoire 300.000 codonopsis javanica, 40.000 angéliques de Chine et 120.000 anoectochilus setaceus, une espèce d’orchidée ayant des vertus thérapeutiques, fait savoir Pham Thanh, chef du comité de gestion du parc agricole de haute technologie Mang Den.
«Les plantes que nous fournissons ont un taux de survie très élevé», se félicite-t-il. «Nous donnons également aux habitants des conseils techniques. Cette zone dispose d’un énorme potentiel en matière de plantes médicinales. Ce potentiel sera valorisé si les habitants reçoivent des aides en termes d’engrais et de prêts initiaux et si leurs produits sont achetés par des entreprises qui les transformeront avant de les revendre sur le marché».
La province de Kon Tum compte aujourd’hui 750 hectares de plantes médicinales. Les autorités locales ont confié des parcelles de forêt à dix entreprises qui porteront cette superficie à 7.660 hectares.