Duong Van Quang - Photo Long Vu/bienphong.com.vn
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Autrefois nomades, les Cao Lan vivaient dans la forêt, en autarcie. Ils produisaient du papier eux-mêmes, surtout à des fins spirituelles, indique Nguyên Thi Mai Thanh, conservatrice au musée de la province de Bac Giang.
«Sur ce papier, les Cao Lan perçaient des trous en guise de motifs décoratifs pour leurs cérémonies traditionnelles. C’est comme une sorte de tableau rituel. Mais ils ont aussi fait des livres, évidemment », dit-elle.
Le papier traditionnel des Cao Lan ressemble au papier de Chine. Il est fabriqué à partir de deux plantes sauvages qui poussent en hauteur. Les artisans écrasent l’écorce d’une plante pour obtenir de la poudre et trempent l’autre, qui est en fait une liane, dans de l’eau pour obtenir la colle, explique Duong Van Quang, l’un d’eux.
« Il ne faut jamais choisir de liane rampante, mais uniquement des lianes grimpantes qui n’ont pas de nœud », précise-t-il. « La liane doit être ni trop jeune ni trop vieille. Trop jeune, elle est inutilisable. Trop vieille donnera du papier noir. Plus le séchage est bien fait, plus le papier sera clair ».
La liane est lavée, trempée dans de l’eau de chaux puis bouillie dans une autre eau contenant de la cendre de foyer. Elle sera lavée une nouvelle fois pour être débarrassée de la cendre, ce qui est un travail extrêmement minutieux, mais dont dépend la brillance du papier. Par la suite, l’artisan va écraser la liane et la mélanger avec de l’eau dans laquelle la poudre d’écorce a été dissoute pour obtenir une solution épaisse de couleur jaunâtre.
Photo baobacgiang.com.vn
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Il utilise un tamis rectangulaire dont les quatre côtés sont faits de bambou. Au milieu est tendu un morceau de gaze dont l’épaisseur décidera de celle du papier obtenu. A l’aide d’une cuillère, l’artisan étale de la solution de papier sur la gaze et agite le tamis de façon régulière.
«Le mélange entre la colle, produite par la liane, et la poudre, qui vient de l’écorce écrasée, est un travail manuel tout à fait intuitif», affirme Duong Van Quang. «Il n’y a pas de baromètres fixes. Moi, ça fait longtemps que je pratique ce métier et au tout début, j’avais aussi essayé de peser avec un verre mais ça n’a pas marché. Car quand la liane est jeune, elle donne moins de colle que si elle est vieille, du coup la même quantité de solution ne donne pas toujours le même résultat. C’est pourquoi, la seule façon pour vérifier si la solution est bonne est de la toucher».
Une fois la poudre de papier étalée de façon régulière sur le tamis, celui-ci sera mis à sécher, à l’oblique, dans un endroit propre, aéré, ensoleillé et venté. Le séchage fini, le papier idéal sera blanc, plat, résistant et aura une épaisseur homogène.
Nous parlions d’épaisseur, en fait, le papier traditionnel des Cao Lan est moins épais que le papier de fabrication industrielle. Mais il est nettement plus résistant et plus solide. Aujourd’hui, certaines familles Cao Lan préservent toujours ce métier, déterminées à transmettre ce savoir-faire exceptionnel aux générations futures.