Phùng Van Quan et son bâton- Photo Ngoc Anh/VOV5
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Phùng
Van Quan est né en 1942 dans une famille de paysans. Très tôt, il perd son
père. Enrôlé volontairement dans l’armée en 1961, il a été blessé en 1966 et
évacué vers la zone arrière pour y être soigné. Guéri, il a écrit au général Vo
Nguyên Giap pour demander à retourner au front. Le
5 décembre 1970, il sera grièvement blessé et contaminé à la dioxine, ce qui l’obligera
à se démobiliser définitivement.
Pendant
ces années de guerre atroce, des centaines de garçons du village de Hoà Xa ont
rejoint le corps de troupe Truong Son. Arrivé dans la province de Hoà Binh,
Phùng Van Quan a invité deux de ses compagnons d’armes issus du même village
que lui, Dô Tit et Luu Tiên Long, à aller dans la forêt chercher des bambous
pour fabriquer un bâton de marche. Très efficace, il a aidé les soldats à franchir
les montagnes et les ruisseaux en toute sécurité, à transporter des sacs à dos,
des vêtements et à lutter contre les ennemis au corps-à-corps. Ce bâton a été
très apprécié dans la division. Phùng Van Quan se souvient:
« Lors
de la marche militaire, nous avons dû transporter un sac à dos assez lourd. Il
pleuvait et la piste était très glissante. J’ai alors pensé à découper du
bambou pour faire un bâton d’appui. Moi et mes deux compagnons d’armes avons
fabriqué trois bâtons. Le mien était en bois, les deux autres étaient en
bambou. Ce bâton a été comme un ami pour moi durant mes combats au Sud. C’est un
allié inestimable. »
Lors
de leur marche militaire vers le Sud, quand ces trois soldats ont rencontré des
compagnons d’armes de leur village natal, ils leur ont demandé d’envoyer les
bâtons gravés de leur nom à leur famille pour les informer qu’ils étaient bien
au front et se portaient bien. Le bâton de Phùng Van Quan était gravé comme
suit: «Me sacrifier pour la Patrie-Fùng Quan-Truong Son 1-4-67». Ces trois
bâtons ont été exposés dans la salle des traditions de la commune de Hoà Xa. Quand
un garçon du village partait au front, il recevait un bâton gravé de cette
phrase: «ce bâton est celui de Truong Son. Il appartient au garçon de Hoà Xa
enrôlé dans l’armée».
En
avril 1967, lors d’un voyage de travail dans la commune de Hoà Xa, l’image du
bâton de Truong Son et l’esprit combatif des habitants de Hoà Xa ont inspiré le
compositeur Pham Tuyên qui a écrit son tube «Le bâton de Truong Son». Ecoutons
Phùng Van Quan:
« Quelques
jours après mon arrivée à Truong Son, quand le chef de ma compagnie a allumé la
radio nationale La Voix du Vietnam, j’ai écouté la chanson «le bâton de Truong
Son» et j’ai alors réalisé que nos bâtons avaient bien été acheminés au village.
La chanson «Le bâton de Truong Son» du compositeur Pham Tuyên a poussé les gens
de la commune d’abord puis du pays entier à s’enrôler dans l’armée. Avant de
partir au front, les autorités communales offraient des bâtons de Truong Son
aux jeunes pour les encourager à accomplir leur mission. »
Parmi
les trois créateurs de ce bâton légendaire, Phùng Van Quan est le seul
survivant. L’un de ses compagnons d’armes est tombé au champ d’honneur à Quang
Tri et l’autre est décédé des conséquences de la dioxine. Le bâton de Dô Tit a
été offert au commandement de la troisième zone militaire et celui de Luu Tiên
Long au commandement militaire de la province de Hà Tây. Celui de Phùng Van
Quan a été exposé à la maison des traditions de Hoà Xa avant d’être remis à son
propriétaire. Certains lui ont proposé des centaines de millions de dongs pour
acheter ce bâton, mais cet ancien combattant ne l’a jamais cédé, car bien trop
précieux à ses yeux. Lors des fêtes importantes du pays, Phùng Van Quan le
place sur l’autel des ancêtres pour penser à ses compagnons d’armes qui sont morts
au combat. Phùng Van Quan explique:
« Je
conserve ce bâton dans un tissu pour témoigner à mes descendants des sacrifices
des combattants de la résistance. Ce bâton est entré dans l’histoire et je suis
fier de ce que j’ai fait. Récemment, le compositeur Pham Tuyên m’a rendu visite
et il apprécie beaucoup ce bâton de Truong Son. »
Phùng
Van Quan est fier de ce qu’il a fait, et sa commune, Hoà Xa, est fière d’avoir
donné naissance à des soldats comme lui qui ont participé à la légende de la
piste de Truong Son. Aujourd’hui, Hoà Xa dispose de son propre musée baptisé
« le musée du bâton de Truong Son ».