Dès l’aube, l’hôpital général de Lang Son était noir de monde. Comme beaucoup de parents, Lù Thi Doan a amené son fils au programme de chirurgie gratuit dispensé par une équipe de médecins venant de Hanoï.  

«Le coût d’une opération chirurgicale dépasse nos capacités financières. Mais mon enfant a pu bénéficier d’une opération gratuite. J’en suis très reconnaissante et heureuse», dit-elle. 

Docteur Toàn (1er, droite) et des médecins de l'association Sala en consultation | Photo: VOV

Il s’agit de l’association Sala, présidée par le docteur du peuple Ngô Van Toàn, qui est à l’initiative de ce programme. Pendant trois jours, parmi les 70 cas qu’ils avaient examinés, Toàn et ses collègues en ont opéré seize, dont la plupart étaient des enfants atteints de malformations congénitales. Ces derniers font partie des milliers de personnes prises en charge depuis douze ans par Sala, qui couvre même les frais de déplacement et de médication pour les patients issus des communautés ethniques démunies.

«Nous nous spécialisons dans les fractures et les handicaps. Nous souhaitons aider les patients à avoir une vie meilleure. Au lieu de nous donner un objectif trop ambitieux, dans chaque province, nous n’opérons qu’une dizaine de patients. En effet, nous voulons que ces personnes puissent profiter de soins gratuits, mais de qualité», explique Ngô Van Toàn.

Depuis sa création, l’association Sala du docteur Toàn est parrainée par de nombreux mécènes, dont plusieurs de ses collègues et anciens étudiants. Phan Ba Hai, sous-chef du département de Chirurgie du membre supérieur et de la Médecine du sport, relevant de l’hôpital Viêt Duc, figure parmi les adhérents les plus enthousiastes de Sala. 

«Le docteur Toàn s’attache énormément aux activités philanthropiques et particulièrement aux soins réservés aux enfants handicapés. Son noble cœur m’a vraiment touché. Ainsi, deux fois par an, je l’accompagne lors de consultations gratuites destinées aux enfants vivant dans les régions frontalières les plus défavorisées du Nord», partage-t-il.

S’il force l’admiration de ses pairs et de ses patients, Toàn considère tout simplement ses actions comme le devoir d’un médecin. 

«Par principe général, un médecin doit observer, examiner, interroger les patients et leur expliquer leur état de santé. Par principe personnel, un médecin se doit de fournir des explications complètes et accessibles à son patient. Plus les mots sont simples, mieux c’est. Au cours de chaque opération, le chirurgien doit avoir les yeux du faucon pour comprendre la situation, le cœur courageux du lion pour prendre des décisions importantes et les mains habiles d’une jeune fille pour pouvoir sauver le patient», dit-il. 

Docteur Toàn en opération | Photo: VOV

Avec plus de 40 ans d’expérience derrière lui, ce chirurgien septuagénaire partage volontiers aux jeunes collègues ses connaissances ainsi que de nouvelles techniques chirurgicales. Il leur transmet également son enthousiasme pour le métier et une méthode de travail respectable, ajoute Phan Ba Hai 

«Depuis douze ans, j’ai appris deux choses du docteur Toàn. D’abord, il s’agit des connaissances nécessaires d’un orthopédiste. Il m’a expliqué comment coudre les blessures et comment traiter les cas compliqués. Il m’a aussi inspiré par son style et sa méthode de travail. Selon lui, un médecin doit traiter à la fois les symptômes et la mentalité. C’est-à-dire, il faut prendre en considération la situation de chaque patient afin de lui trouver un schéma de traitement optimal. Chaque jour, j’apprends de lui de petites choses qui sont parfois primordiales dans la vie», nous confie-t-il.

Bien qu’il soit à la retraite depuis dix ans, «Toàn les os» continue de collaborer avec l’hôpital Viêt Duc en qualité de conseiller spécialiste. Il participe aussi parfois à des opérations particulièrement délicates. Parallèlement, il donne des cours aux doctorants de l’Université de la médecine de Hanoï.