Lê Hùng Anh. Photo: vov.vn

Lê Hùng Anh est né en 1986 à Tam Kỳ, dans la province de Quang Nam, au sein d’une famille d’agriculteurs pauvres. Premier de sa promotion au lycée spécialisé Nguyên Binh Khiêm de Quang Nam, il a remporté plusieurs prix lors de concours académiques nationaux. Sa famille étant en difficulté, Lê Hùng Anh a dû abandonner ses études universitaires plusieurs fois faute de moyens financiers. Maçon, vendeur de journaux, serveur dans un café, il a exercé divers métiers pour aider sa famille à joindre les deux bouts tout en économisant pour reprendre ses études. Il a passé trois fois le concours d’entrée à l’université, obtenant chaque fois un score presque parfait.

En 2009, Lê Hùng Anh a fondé le groupe BIN Corporation à Hô Chi Minh-Ville. Aujourd’hui, son entreprise est un groupe multinational possédant 10 marques dans des domaines clés: conseil en gestion d’entreprise, conseil financier, marketing numérique, commerce électronique, tourisme, et technologie. 

«Je me sens heureux et chanceux d’avoir accès aux technologies de l’information et à Internet, qui effacent les frontières géographiques et permettent d'utiliser la technologie des pays avancés pour fournir des produits aux clients trouvés dans ces pays mêmes. Plus de 99 % des produits de BIN Corporation sont destinés à l’étranger et nos recettes proviennent également de l’étranger. Nous gagnons des devises pour payer les salaires des Vietnamiens», explique-t-il.

Lê Hùng Anh a passé plusieurs années à l’étranger (à Hong Kong, à Singapour, aux Émirats arabes unis, en Australie, en Europe et en Amérique) pour étudier les marchés et tenter de lever les obstacles auxquels sont confrontées les entreprises vietnamiennes.  

«La première barrière est la culture et la langue, qui constituent la plus grande difficulté, mais nous devons la surmonter. Lorsque j’ai ouvert des bureaux à Hong Kong (Chine) et à Singapour, les locaux pensaient toujours que le Vietnam était encore un pays arriéré et que les entreprises vietnamiennes n’étaient pas si fortes... Si nous ne surmontons pas cette barrière et cette mentalité, nous ne pouvons rien faire», nous confie-t-il.

Nguyên Trung Hiêu, titulaire d’un doctorat en génie aéronautique, est actuellement directeur adjoint d’une filiale de BIN Corporation. Avant de rejoindre ce groupe, il a travaillé pendant 10 ans dans de grandes entreprises en France, au Canada, aux États-Unis et au Vietnam. En 2017, refusant de nombreuses opportunités de travailler dans des entreprises étrangères, Nguyên Trung Hiêu a décidé de choisir BIN Corporation, convaincu par l’enthousiasme et la vision de Lê Hùng Anh. 

«Le président Lê Hùng Anh nous soutient de tout cœur. Nous sommes une startup, mais avec une vision à long terme. Par exemple, certaines de nos entreprises sont situées en Europe et notre mission est de faire connaître le groupe au monde. Nous voulons être cotés en bourse à Londres ou à New York dans quatre ou cinq ans», déclare-t-il.

L’estime de soi de Lê Hùng Anh est blessée lorsque les étrangers pensent que les entrepreneurs vietnamiens n’ont pas accès aux plateformes de technologie de l’information comme eux. Mais ce sentiment est devenu une motivation pour lui de prouver que les hommes d’affaires vietnamiens, lorsqu’ils entrent sur le marché international, sont entièrement capables de devenir des patrons plutôt que des employés. Par conséquent, Lê Hùng Anh considère la technologie et la transformation numérique comme des piliers pour optimiser le processus opérationnel et élever le niveau de la marque de son entreprise.

Nguyên Hông Viêt, directeur général de SAP Vietnam, salue ce choix visionnaire.     

«Bien que BIN Corporation soit une très jeune entreprise, elle a une grande ambition et aspire à devenir un groupe économique de premier plan en Asie d’ici 2030 et l’un  des premiers au monde d’ici 2050», constate-t-il.

À sa création, BIN Corporation n’avait que quelques employés. Aujourd’hui, elle en compte près de 400, dont de nombreux sont originaires de plusieurs pays à travers le monde. Lê Hùng Anh ambitionne d’élargir les activités du groupe dans d’autres pays et d’employer quelque 2.000 personnes qualifiées dans les cinq années à venir.