Ngô Viêt Chinh (photo: Anh Tuan/VOV5)
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«La chose la plus difficile, c’est de trouver les cailloux qui correspondent exactement à ce qu’on a en tête. Quand on a de la chance, quelques jours suffisent, sinon, ça peut s’étaler sur plusieurs semaines… Il m’arrive même de passer des mois sans trouver ce que je cherche»
Née en 1993, Ngô Viêt Chinh est une autodidacte. C’est en 2020 qu’elle commence à s’intéresser aux possibilités qu’offrent les cailloux en matière d’art plastique. Mais là ou d’autres auraient tendance à peindre sur des cailloux, Ngô Viêt Chinh, elle les garde tels quels et les juxtapose, tel le petit Poucet, de façon à créer des œuvres originales. Ses thèmes de prédilection? La famille, le couple, les voyages… Chaque œuvre lui demande en général de deux à trois heures de travail.
«Je commence toujours par faire un fond. Ce n’est qu’après que je commence à placer mes cailloux. Il y en a de toutes sortes: des blancs pour figurer la neige, des noirs pour faire des chevelures… Il faut utiliser une colle spéciale pour faire tenir le tout. J’en ai essayé beaucoup, avant de me rendre compte qu’aucune n’était satisfaisante et que j’allais devoir en fabriquer moi-même», nous raconte-t-elle.
Quelques oeuvres de Ngô Viêt Chinh (photo: Anh Tuan/VOV5) |
Cette jeune Hanoïenne a d’abord suivi formation de décoratrice. Elle a du reste travaillé comme décoratrice d'intérieur durant cinq ans avant de se reconvertir.
Tout a commencé avec une mission de volontariat dans les régions reculées au nord du pays.
«Cette idée de faire des tableaux avec des cailloux m’est venue à l’occasion d’un séjour en montagne il y a plus de trois ans. C’est en voyant tous ces cailloux se refléter dans l’eau que je me suis dit qu’il y aurait peut-être quelque chose à faire avec», se souvient Ngô Viêt Chinh.
L'honnêteté intellectuelle conduit à admettre que le fait d’utiliser des cailloux pour créer un tableau n’est pas une nouveauté, sauf au Vietnam où personne, avant Ngô Viêt Chinh, n’y avait songé.
Photo: Anh Tuan/VOV5 |
Le succès est en tout cas au rendez-vous. La page Facebook de Ngô Viêt Chinh, Tranh Soi - Chigi Art, compte aujourd’hui plus de 7.000 abonnés. Il s’en est pourtant fallu de peu pour qu’elle renonce. C’est sans doute ce qu’elle aurait fait sans le soutien de Tran Giap, son mari.
«Au départ, ma femme avait très peur de ne pas être reconnue par ses pairs. Alors pour l'encourager, j'ai décidé de photographier ses œuvres et de les poster sur Facebook. En l’espace de quelques minutes, on a réussi à vendre une vingtaine de tableaux. Même avec des gens qui travaillent dans le domaine de l’art, le succès est fulgurant», nous indique-t-il.
Le succès aidant, Ngô Viêt Chinh a décidé d'ouvrir une boutique en ligne nommée Chigi Art où elle poste régulièrement des images de ses œuvres. Elle les vend à des prix variant entre 250 et 400 mille dôngs, soit de 10 à 15 euros. Nguyên Nhu Phuong, elle, n’y a pas résisté…
«J'ai connu Chigi Art via Facebook. Ça m’a tout de suite donné envie de commander quelques œuvres pour faire des cadeaux ou pour décorer ma chambre. J’aime bien ce genre de tableau… Ça me rapproche de la nature», nous explique-t-elle.
Un coin du petit atelier de Ngô Viêt Chinh (photo: Anh Tuan/VOV5)
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Beaucoup de ses clients ont demandé à Ngô Viêt Chinh d'ouvrir une atelier pour leur enseigner son savoir-faire, ce qu’elle a finalement pu faire, mais que très récemment, eu égard à la crise sanitaire. Mais là aussi, le succès est au rendez-vous, si l’on en juge par les propos de Doàn Nhât Phong, un apprenant.
«Je connais Chigi Art depuis longtemps. Quand j'ai vu qu’il y avait cet atelier, je me suis aussitôt inscrit. Chaque pierre, chaque caillou est unique, alors forcément, les oeuvres le sont aussi… Et puis je trouve que ça détend vraiment, après une longue journée de travail», nous dit-il.
Photo: Anh Tuan/VOV5 |
Ngô Viêt Chinh, elle, souhaite maintenant ouvrir un atelier à l’attention des handicapés dans les alentours de Hanoi. «Je voudrais les aider à trouver un travail, et donc à avoir un revenu», nous dit-elle.