La colline Mâm Xôi à la saison des eaux. Photo: VOV |
Il y a 30 ans encore, Mâm Xôi était une colline tout ce qu’il y a de plus ordinaire. L’amour peut déplacer des montagnes, dit-on… Après leur mariage, Lù Thi Ly et son mari ont décidé de faire des travaux de terrassement sur la colline Mâm Xôi pour y installer des rizières en gradins: un travail de titan qui leur a pris deux mois…
«Le défrichage a été particulièrement difficile. Il a fallu utiliser des pioches, des pelles, et même retirer certaines pierres à la force des bras… Certains jours, on avait l’impression de ne presque pas avancer. Mais bon, si on veut pouvoir manger, il faut bien qu’on ait des rizières!... », nous confie Lù Thi Ly.
Il aura fallu non seulement défricher et niveler, mais également creuser des canaux d’irrigation pour commencer à travailler les sols. Là aussi, un labeur épique dont se souvient bien Ho A Chua, l’un des fils de Lù Thi Ly.
«Nos rizières sont loin des cours d’eau. De jour comme de nuit, il faut veiller à ce qu’elles restent irriguées en permanence», nous indique-t-il.
Créer une rizière, c’est une chose. L’exploiter, c’en est une autre, et à cet égard, il y a des consignes à respecter scrupuleusement, notamment en ce qui concerne le fumage ou la lutte contre les insectes nuisibles. Cela étant, le jeu en vaut certainement la chandelle, en tout cas pour Lù Thi Ly qui réussit à remplir vingt sac de paddy à chaque récolte et qui, surtout attire les touristes comme le miel les abeilles…
Eh oui! Une rizière, ça sert à produire du riz, c’est une chose entendue, mais quand c’est en terrasse et que ça miroite au soleil, ça fait aussi le bonheur des photographes et des touristes de passage.
En 2007, les rizières en terrasse de Mù Cang Chai ont été ajoutées par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme à la liste des patrimoines nationaux. Le 31 décembre 2019, le Premier ministre a décidé de leur donner le titre envié de «patrimoine national spécial».
Lù Thi Ly entretient ses rizières en terrasse. Photo: VOV |
Bonne nouvelle pour Lù Thi Ly, la colline Mâm Xôi fait justement partie intégrante de ce «patrimoine national spécial», un patrimoine que les autochtones sont invités à entretenir, comme nous l’explique Nguyên Tiên Binh, le chef du service de la culture de Mù Cang Chai.
«Nous appelons les habitants à préserver et valoriser leur patrimoine paysager et leurs traditions culturelles. L’idée, c’est de créer des produits touristiques intéressants et durables», nous dit-il.
Tout comme les autres familles Mông qui peuplent la région, celle de Lù Thi Ly s’entend à merveille à modeler la nature, à l’architecturer, même… Témoin ses rizières en terrasse qui comptent parmi les plus belles de Mù Cang Chai, ce qui n’est pas peu dire...