Marché bovin de Tà Ngao, situé dans le quartier de Tinh Biên, province d'An Giang. Photo: VOV |
Le marché de Tà Ngao n’est séparé du Cambodge que par le canal de Vinh Tê. Autrefois, les Khmers du côté vietnamien devaient traverser ce canal pour acheter des bœufs et des buffles côté cambodgien. Avec le temps, les transactions ont progressivement migré vers la frontière vietnamienne, donnant naissance au marché de Tà Ngao.
«Je pratique ce métier depuis mon jeune âge. Ce marché est très animé avec un grand nombre de bœufs. Le commerce bovin m’apporte des revenus décents et il est moins pénible que d’autres métiers», témoigne Châu Minh Lang, un commerçant local.
Outre le commerce de bétail, le marché de Tà Ngao propose divers services, comme la coupe d’herbe et la garde de bœufs, générant ainsi des revenus supplémentaires pour des centaines de travailleurs locaux. À l'approche des courses bovines rituelles, les commerçants importent du Laos et de Thaïlande des bœufs robustes, prêts pour un entraînement intensif. Face à une demande excédant l’offre, certains éleveurs ont choisi de multiplier les taureaux pour les revendre. La renommée du marché de Tà Ngao s’est accrue au fil des années, devenant un lieu de rencontre incontournable pour les commerçants de bœufs et de buffles du Vietnam et du Cambodge.
«C’est le plus grand marché de bœufs et de buffles du Sud-Ouest, avec au moins 200 arrivées de bétail chaque jour. Autrefois, la seule route pour accéder au marché était la digue le long du canal. Aujourd’hui, une belle route bétonnée a été construite. L’élevage de bœufs rapportant un bon revenu, de plus en plus de personnes s’y sont lancées», raconte Soc Kha, un habitué du marché.
En 2006, la gestion du marché a été officiellement confiée à la société 622 de la 9e Zone militaire. S’étendant sur un hectare, le marché de Tà Ngao comprend de nombreux stands, ainsi qu’un espace d’étables et un autre dédié à la vente d’herbe. Deux monnaies y sont acceptées: le dông vietnamien et le riel cambodgien. Les bœufs faisant l'objet d'un contrat d'acquisition sont marqués pour se distinguer des autres. Dans ce marché, les bœufs venus du Cambodge et de Thaïlande occupent une place dominante, comme l’indique Hô Anh Tuân, un commerçant:
«J’ai fréquenté différents marchés, mais je dois reconnaître que Tà Ngao est le meilleur. Les bœufs y sont toujours d’excellente qualité. J’ai pu en choisir trois ce matin. Je vais les élever un certain temps avant de les revendre», nous confie-t-il.
Le marché bovin de Tà Ngao est réputé pour ses bœufs robustes. Photo: VOV |
Les commerçants viennent de partout. Dans ce marché, tous les bœufs et buffles disposent d’un certificat de contrôle épidémiologique. Ils ont entre six mois et deux ans et se vendent entre 344 et 1.300 dollars par tête. Les clients peuvent y venir pour trouver un compagnon de champ ou simplement un animal à revendre.
«Je vais engraisser ce bœuf et l’enjoliver en changeant le fil accroché à son nez et en lui attachant un hochet au cou, afin qu’il puisse participer à la prochaine course. Quand il deviendra plus beau et plus fort, je le revendrai à un prix plus élevé», nous dit un homme.
«On va acheter des bœufs et leur donner une alimentation riche pour qu’ils grossissent. Pour trouver les bons bœufs, il faut d’abord s’assurer que leur tête, leurs sabots et leur queue sont fermes», indique une femme.
«Un beau bœuf a une tête bien relevée. S’il participe à une course, il a plus de chance de gagner», précise un client.
Auparavant, les autochtones vivaient uniquement de la cueillette des fruits de palmiers à sucre et de la fabrication de sucre à partir de ces fruits. Leur vie s’est nettement améliorée grâce au commerce bovin. Les autorités locales envisagent d’élargir le marché à des fins économiques, mais aussi touristiques.