Photo: VOV
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Dans un espace convivial éclairé par des lampes à huile, le public se laisse emporter par des airs de ca trù, chant des courtisanes classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous sommes au théâtre de la compagnie Kim Duc, lieu de rendez-vous habituel des passionnés de ca trù de Hanoï. Depuis 2017, la compagnie donne deux concerts par mois, mais il lui est arrivé d’en donner plus en raison d’une forte demande du jeune public. Kim Duc, la fondatrice de cette compagnie, n’est autre que la dernière chanteuse encore vivante de la compagnie Khâm Thiên, dont le nom est synonyme d’âge d’or du ca trù à Hanoï au début du 20e siècle. A plus de 80 ans, elle a réalisé son rêve : créer sa propre compagnie pour interpréter les chants anciens à l’ancienne. A l’écouter sur scène, le jeune Hanoïen Nguyên Ngoc Huy se sent tout ému.
« Je suis allé à beaucoup de concerts de ca trù pour retrouver les valeurs anciennes, mais jamais je n’avais été aussi profondément touché que par la voix de la grande Kim Duc », nous confie-t-il. « La création de lieux de représentation comme celui-ci est vraiment un bon moyen de préserver les traditions culturelles du pays », dit-il.
Si les représentations d’arts traditionnels attirent de plus en plus de jeunes, c’est en partie parce que les artistes ont fait l’effort de se rapprocher du public. C’est ainsi que les artistes de chèo, théâtre chanté typique du delta du Fleuve rouge, se sont produits dans la cour de la maison communale de Tu Liên, dans l’arrondissement de Tây Hô, à Hanoï.
Un orchestre composé de cymbales, de tambours et de violes accompagne des acteurs et des actrices qui se donnent des répliques en chantant et en faisant des mouvements de danse strictement codifiés. Le public est conquis. Les plus âgés ont l’impression de revivre cette période si bien traduite par le dicton « les sons de tambour du chèo font accélérer le pas du spectateur au ventre vide ». Quant aux jeunes, ils peuvent désormais imaginer l’ambiance festive qu’une troupe de chèo pouvait créer dans un village comme on en trouve dans la littérature ancienne.
« L’art traditionnel peut être très captivant. J’aimerais pouvoir un jour incarner un personnage du chèo », nous dit Nguyên Ngoc Hà, étudiante à l’Ecole supérieure du Commerce extérieur. « Mais pour saisir toute la beauté de cet art, il faut vraiment se mettre tout près de la scène et observer les acteurs au plus près ».
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Dông Kinh Cô Nhac est un groupe de musiciens qui lutte contre vents et marées pour la préservation et la valorisation du patrimoine traditionnel. Ses concerts réguliers au 50 Dào Duy Tu à Hanoï sont destinés à redonner ses lettres de noblesse à la musique ancienne. Les touristes viennent nombreux, et de plus en plus de jeunes s’y intéressent, comme Nguyên Phuong Nhi, étudiante à l’Académie nationale de musique du Vietnam.
« Je fais des études de musique et les concerts comme ceux-ci m’éclairent sur les origines de la musique vietnamienne. C’est très intéressant de pouvoir rencontrer les artistes et discuter avec eux », nous dit-elle.
Les artistes que Phuong Nhi peut rencontrer lors des concerts de Dông Kinh Cô Nhac ne sont pas seulement les membres du groupe. Il lui arrive en effet de faire venir des artistes de musique contemporaine, pour des concerts communs, et parfois des co-productions tout à fait originales. Vous voyez, grâce à l’enthousiasme des jeunes et aux efforts inlassables des passionnés, les arts traditionnels ont encore de l’avenir devant eux.