Photo d'illustration
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Les relations entre les deux alliés au sein de l'OTAN se sont
considérablement dégradées ces dernières semaines avec la mise en détention du
pasteur américain Andrew Brunson par la justice turque, suite à des accusations
d’« espionnage » et de « terrorisme ».
Une guerre commerciale
déclenchée
Exigeant sa libération, les
États-Unis ont imposé le premier août des
sanctions inédites contre les ministres turcs de l'Intérieur et de la
Justice, Süleyman Soylu et Abdulhamit Gül, qu’ils accusent d'avoir joué un rôle
majeur dans l'arrestation et la mise en détention du pasteur Andrew Brunson.
Vendredi dernier, la crise diplomatique a franchi un palier supplémentaire
lorsque le président américain Donald Trump a annoncé qu’il donnait son accord
pour le doublement des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs,
provoquant un effondrement de la livre turque qui a perdu plus de 40 % de
sa valeur depuis le début de l’année.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a
imputé la chute brutale de la devise turque à un « complot »
américain, avant d’accuser les États-Unis de chercher à poignarder la Turquie « dans
le dos ».
Par ailleurs, ce lundi, Donald Trump a ratifié le budget de la Défense
américaine pour 2019, bloquant la livraison de deux chasseurs F-35 déjà payés
par la Turquie.
La réplique ne s’est pas faite attendre puisque Ankara a annoncé mercredi
une hausse des tarifs douaniers visant des produits américains. Les véhicules
de tourisme, dont les tarifs douaniers s’élèvent désormais à 120 %, sont
concernés, de même que certaines boissons alcoolisées (140 %), le tabac
(60 %) ou encore le riz et certains produits cosmétiques.
Dans le même temps, le tribunal d’Izmir dans l’ouest de la Turquie a refusé
de libérer le pasteur Andrew Brunson, placé en résidence surveillée après un an
et demi de détention.
Rapprochement d’autres partenaires
De
l’avis des analystes, les sanctions américaines risquent de mettre en danger
l’alliance stratégique entre les deux plus grandes armées de l’OTAN et ne font que
rapprocher la Turquie des adversaires de Washington comme la Russie ou l’Iran.
Dernièrement,
Ankara et Moscou ont de fait décidé de renforcer leur partenariat stratégique.
Auparavant, la Turquie avait refusé d’imposer des sanctions contre la Russie,
sur demande de l’Occident. Ankara a également déclaré qu’il ne soutiendrait pas
les sanctions américaines contre l’Iran qui de son côté, s’est engagé à fournir
son aide à la Turquie afin de faire face aux pressions américaines. A terme,
l’alliance Russie-Turquie-Iran, divergente sur le dossier de la Syrie, pourrait
se renforcer de plus en plus. La Turquie cherche également à élargir leur
coopération avec les pays émergents (BRICS) et l’Organisation de coopération de
Shanghai (OCS).
Une plaie profonde semble s’être ouverte entre Washington et Ankara et
celle-ci pourrait mettre en péril une alliance historique. Une situation
préoccupante car les deux partenaires auraient beaucoup à perdre en cas de conflit
diplomatique durable.