Il y a deux ans jour pour jour, le 15 août 2021, les talibans, une force islamique radicale qui avait déjà gouverné l’Afghanistan de 1996 à 2001, achevaient une campagne militaire fulgurante, s'emparant du contrôle du pays face à l'armée afghane. Conformément à l'accord conclu avec les États-Unis à Doha en février 2020, les talibans s'étaient engagés à œuvrer pour la reconstruction du pays, à restaurer la paix et la stabilité. Néanmoins, dans les faits, au cours des deux dernières années, ils n'ont pas respecté leur engagement de former un gouvernement inclusif et de revitaliser la gouvernance pour garantir la sécurité et encourager le développement économique.
Des défis majeurs…
À leur prise de pouvoir, les talibans ont proclamé que l'Afghanistan serait régi par un système islamique garantissant le respect de tous les droits humains, sans injustice ni corruption. Cependant, ces deux dernières années, malgré les distinctions évidentes entre l'actuel État taliban et le gouvernement excessivement répressif qui régnait il y a plus de 20 ans, l'effort de développement de l'Afghanistan et son intégration à la scène internationale ont subi un revers. Notamment, les violations des droits humains envers les femmes et les filles ont progressivement empiré.
Les femmes afghanes se voient à nouveau imposer le port de la burqa et ne peuvent quitter leur domicile qu'accompagnées d'un homme de leur famille. Elles sont privées du droit de travailler dans les instances publiques et d'accéder à l'éducation. Les jeunes filles ne peuvent fréquenter l'école que jusqu'à la sixième année. En juillet dernier, les talibans ont mis en vigueur un décret ordonnant la fermeture des salons de coiffure et des instituts de beauté.
Sur le plan politique, jusqu'à présent, aucun pays n'a officiellement reconnu le gouvernement taliban. Historiquement, l'aide internationale constituait la colonne vertébrale de l'économie afghane, représentant 40 % du produit intérieur brut (PIB) et 80 % du budget national. Cependant, depuis le retour des talibans en Afghanistan en août 2021, la communauté internationale a suspendu les aides financières destinées au pays. De plus, les nouvelles autorités n'ont pas accès aux 9 milliards de dollars gelés dans les réserves de banques centrales, majoritairement situées à l'étranger, notamment à la Réserve fédérale américaine. Les pays occidentaux estiment que des avancées en matière de droits des femmes seront déterminantes pour que les talibans puissent accéder à ces sources financières.
En 2022, l'économie afghane s'est contractée de 40 %. Selon les Nations Unies, environ 25 millions d'Afghans, soit près de la moitié de la population, vivent actuellement dans la pauvreté et font face à une insécurité alimentaire grave. Le pays doit également affronter une hausse des prix des denrées alimentaires due au conflit russo-ukrainien, ainsi qu'au double défi posé par la sécheresse et les ressources en eau limitées, qui pèsent sur le secteur agricole. L'ONU a émis une mise en garde quant à une possible catastrophe humanitaire en cours dans ce pays d'Asie du Sud.
Un avenir incertain…
En outre, l'aggravation des conflits entre différentes factions fait craindre l'émergence d'une guerre civile en Afghanistan. Le pays semble progressivement se transformer en un refuge pour des groupes terroristes transnationaux et des organisations extrémistes. Le groupe État islamique (EI), constituant la plus grande menace pour le gouvernement taliban, a multiplié ces dernières années les attaques ciblant les dirigeants talibans.
Deux ans après le retour des talibans au pouvoir, la détérioration de la situation en Afghanistan continue de susciter des inquiétudes profondes au sein de la communauté internationale. Selon les experts, pour parvenir à une véritable paix et stabilité dans ce pays, le gouvernement taliban doit entreprendre des actions synchronisées visant à sortir de son isolement sur la scène internationale et à stimuler le développement économique. Sinon, les perspectives d’un avenir meilleur demeureront incertaines.