Salwan Momika brûle le Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm le 28 juin. Photo : AFP |
Dans la plupart des pays musulmans, brûler un Coran est un sacrilège, un acte criminel passible de la peine de mort. Ce débat, qui a été demandé par le Pakistan au nom de plusieurs membres de l’Organisation de coopération islamique, vise à discuter de l’augmentation alarmante des actes de haine religieuse, dans certains pays d’Europe et ailleurs.
De vives indignations dans le monde musulman…
Des manifestants devant l'ambassade de Suède à Ankara, Turquie, contre l'autodafé du Coran, le 21 mars 2023. Photo : AFP/AVI |
Le monde musulman était en ébullition, ces derniers jours, après que Salwan Momika, un Irakien de 37 ans ayant fui son pays pour la Suède, a brûlé un Coran juste devant une mosquée de Stockholm, au premier jour de l'Aïd al-Adha, la grande fête du sacrifice célébrée par les musulmans du monde entier. Dans de nombreux pays à majorité musulmane comme l’Irak, la Turquie, le Pakistan, le Koweït, les Emirats arabes unis ou encore le Maroc, les ambassadeurs de Suède ont été convoqués pour se voir signifier une protestation officielle. Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré qu’il était inacceptable d'autoriser des actes islamophobes antimusulmans au nom de la liberté d'expression. L’Iran a quant à lui interrompu le processus de nomination de son nouvel ambassadeur en Suède.
L'Organisation de coopération islamique a appelé le 2 juillet à des «mesures collectives» contre les profanations répétées du Coran. Le premier juillet, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné cet incident, tout en invitant la communauté internationale à s’unir pour mettre fin à l’islamophobie. L'Union européenne a quant à elle exprimé son ferme rejet de l'autodafé de Stockholm, «un acte offensant, irrespectueux et qui constitue une provocation manifeste»…
Côté suédois, le ministère des Affaires étrangères est sorti de sa réserve pour condamner sans ambiguïté. «Les expressions de racisme, de xénophobie et d'intolérance n'ont pas leur place en Suède ou en Europe», a déclaré le ministère, tout en rappelant que la liberté de réunion, d'expression et de manifestation était inscrite dans la constitution...
… qui semble en conflit avec les sociétés européennes
Force est de constater que l'incident récent n’est pas la première diffamation de l’islam à se produire. En septembre 2005, un grand quotidien danois avait publié 12 caricatures du prophète Mahomet, provoquant des mois de violentes manifestations. En février 2012, de grandes manifestations avaient également eu lieu en Afghanistan pour protester contre l’autodafé du Coran par des soldats américains. Toujours en 2012, «L'Innocence des musulmans», un film réalisé par un Israélo-Américain, qui décrit l'islam comme un «cancer» et une religion de la haine, a provoqué de violentes manifestations dans de nombreux pays musulmans. Le 7 janvier 2015, une attaque terroriste islamiste avait frappé le journal satirique Charlie Hebdo à Paris, faisant 12 morts et 11 blesséss…
Cette fois, les limites de la liberté individuelle de la société occidentale sont à nouveau remises en question. Cet incident met à mal les relations déjà tendues entre la Turquie et la Suède, alors qu’Ankara bloque depuis des mois l’adhésion de Stockholm à l’OTAN.
Des actes de ce genre sont propres à accentuer l’islamophobie, les idéologies extrémistes et le terrorisme, tout en incitant à la haine et à la violence dans le monde. Cet autodafé pourrait servir de prétexte aux groupes islamistes radicaux...