Des jarres exposées au musée de Kon Tum. Photo: baodaklak.vn |
Chaque communauté donne un dénominatif différent à la jarre qui se décline en plusieurs variétés, chacune ayant un nom qui lui est propre. Cette appellation peut évoquer la décoration de la jarre, mais aussi le nom du propriétaire ou un évènement quelconque. La plupart des jarres ont une forme grossièrement cylindrique et sont faites de terre cuite, émaillées ou non. Elles contiennent généralement de l’alcool ou des céréales.
Les peuples des Hauts plateaux considèrent les jarres comme leurs biens les plus précieux. Plus ils en ont, mieux c’est. Les familles les plus riches sont fières de posséder des centaines de jarres qui leur assurent le respect et l’admiration des autres, comme l’indique le docteur Bùi Ngoc Quang, directeur adjoint du musée d’Ethnographie du Vietnam.
«Les peuples des Hauts plateaux chérissent leurs jarres qu’ils conservent avec soin, dans un coin de la maison, minutieusement attachées les unes aux autres», dit-il.
Les jarres d'alcool en céramique sont des objets indispensables dans la vie spirituelle des Mnông. Photo: baodantoc.vn |
En général, les jarres d’usage quotidien sont issues d’échanges commerciaux avec des peuples d’autres régions, ce qui explique la diversité des formes et des décorations. Les jarres ordinaires sont souvent de couleur brune ou jaune foncé, avec des décorations simples ou sans décoration. Quant aux jarres rituelles, elles sont des objets rares et raffinés munis de hauts-reliefs d’animaux légendaires…
Autrefois, les peuples des Hauts plateaux produisaient eux-mêmes leurs jarres, en passant par le choix de la terre, la construction de la four et l’information des divinités, comme le rappelle Dinh Ply, responsable du groupe des Banar au Village culturel et touristique des ethnies vietnamiennes.
«Auparavant, on faisait les jarres avec de la terre trouvée dans la région. La taille des jarres variait en fonction des moyens de la famille. Aujourd’hui, on ne les produit plus, on les achète aux commerçants, c’est beaucoup plus simple», constate-t-il.
Il existe un type de jarre original appelé «maman portant ses enfants». C’est une jarre en céramique brune et non émaillée, dont la partie supérieure est greffée de jarres plus petites, hautes de 10 à 15 cm et dotées des mêmes motifs de décoration que ceux de la jarre-mère. Ces motifs sont des pois, des geckos en relief et des dragons gravés, fait savoir Bùi Ngoc Quang, le directeur adjoint du musée d’Ethnographie.
«La jarre «maman portant ses enfants» est un objet rituel réservé exclusivement aux femmes. Si la famille est heureuse, on ne touche jamais à cette jarre qui est conservée, non pas dans la maison, mais dans un coin de champ ou de forêt que seule la femme cheffe de la famille connaît», explique-t-il.
Chaque année, les familles organisent une cérémonie de culte en l’honneur de leurs jarres. Devant ces récipients, elles installent un plateau d’offrandes composé notamment d’alcool, de viande et de riz gluant cuit dans un tube de bambou. Ce faisant, elles lisent une prière et arrosent les jarres avec de l’alcool, en souhaitant la sérénité et le bonheur pour elles-mêmes et pour toute leur communauté.