La Pôôn Pôông est également appelée la fête des fleurs par les Muong à Thanh Hoa. Photo : congthuong.vn |
La fête de Pôôn Pôông, également connue sous le nom “fête des fleurs” est célébrée par les Muong de Thanh Hoa à l’occasion du Nouvel an lunaire ou au 15e jour des 3e et 7e mois lunaire. Bùi Hông Nhi, qui est un Muong habitant dans la commune de Ngoc Son, nous apporte quelques précisions…
“En langue Muong, le terme ‘Pồôn’ signifie ‘jouer et danser’, tandis que ‘Pôông’ se réfère aux fleurs. Alors ‘Pồôn Pôông’, ça évoque une danse joyeuse au milieu des fleurs. Les festivités comprennent de nombreuses activités dirigées par des ‘Âu may’, qui sont des femmes respectées de la communauté qui s’y connaissent en cérémonies rituelles, en guérison traditionnelle, en danse, et en chant”, nous dit-il.
La Pồôn Pôông se divise en deux parties: la cérémonie et la fête. Pour la première, les Âu may jouent un rôle de guides spirituels. Elles récitent des poèmes sur la création de l'univers, expriment leur gratitude envers la nature et invitent les esprits ancestraux à partager la joie des villageois.
Vient ensuite la partie festive qui comprend des performances artistiques autour de l'arbre Bông, symbole cosmique représentant la diversité de la nature. Cet arbre est décoré de fleurs en bois colorées provenant de l'arbre Chang bang, ainsi que de modèles d'animaux et d'outils agricoles. La hauteur de l'arbre varie en fonction de l'expérience et du talent des Âu may...
Ce sont les personnes les plus habiles de la communauté qui sont sélectionnées pour décorer l’arbre Bông.
"La fête des fleurs se déroule généralement en janvier, mais maintenant, elle est célébrée lors de grands évènements. Le 7e jour du premier mois lunaire, nous érigeons un arbre Bông au centre du village ou à l'entrée de la pagode. Les villageois viennent danser et chanter. Les Âu may sont responsables des rituels, des offrandes, tandis que les habitants dansent et chantent, au son des gongs", nous explique la première, a confié Pham Thi Bao, une Muong résidant dans la commune de Cao Ngoc.
"La fête de Pồôn Pôông n'a pas beaucoup changé : elle préserve des coutumes traditionnelles de la communauté. Au début de la nouvelle année, chaque village organise sa propre fête”, précise Bùi Van Dông, qui vit dans la commune de Ngoc Son.
Toutes les performances se déroulent autour de l'arbre Bông, reproduisant les coutumes des Muong et reflétant leur vie spirituelle et culturelle. Les participants portent des costumes traditionnels, avec une écharpe drapée sur l'épaule pour une danse gracieuse. Ils imitent les gestes liés aux activités quotidiennes, telles que la distribution de terres, la distribution d'eau, la construction de maisons, la chasse aux animaux sauvages, la préparation du repas... C’est aussi l’occasion pour les jeunes hommes et les jeunes femmes de se déclarer leur amour par le biais de danses et de chants mélodieux au rythme des gongs qui résonnent joyeusement à travers tout le village, comme nous l’explique Pham Thi Bao.
"Lorsqu'il y a un arbre Bông, nous dansons, chantons et buvons du ruou cân. Nos danses reflètent la vie de tous les jours. On évoque la façon dont les parents distribuent la terre et l'eau à leurs enfants”, nous indique-t-elle.
À côté de l'arbre Bông, il y a une table sur laquelle sont mis un jarre de ruou cân, une sorte d’alcool de riz à siroter avec une paille de bambou et des plats traditionnels des Muong tels que le riz gluant aux cinq couleurs, la soupe Loóng et la soupe Môn...
En ces premiers jours de l’an, les échos des tambours et des gongs de la fête Pồôn Pôông résonnent comme une invitation chaleureuse pour les villageois et les visiteurs et rappellent aux Muong vivant loin de leurs villages natals leurs racines profondes. Avec ses traits culturels uniques, la fête de Pôôn Pôông a été inscrite par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme sur la liste du patrimoine culturel immatériel national en 2017.