Paysage paisible du village de Nâm Nghiêp. Photo: Lê Hạnh/VOV Nord-Ouest |
Imaginez un océan blanc immaculé s’étendant sur 1.260 hectares. De fin février à mars, les fleurs d’aubépine – appelées localement Son Tra – transforment ce village, le plus haut du Vietnam, en un tableau digne d’un conte de fées. Cette floraison spectaculaire attire désormais entre 50.000 et 200.000 visiteurs chaque année, depuis le lancement en 2024 du premier festival dédié à cet arbre millénaire. L’émerveillement des visiteurs est palpable. Ils nous confient, les yeux brillants:
"C’est ma première visite à Nâm Nghiêp pendant la floraison, et je suis profondément touchée par tant de beauté. Partout où se pose le regard, ce ne sont que des fleurs blanches à perte de vue. Les habitants nous accueillent dans leurs costumes traditionnels colorés: c’est un spectacle magnifique! Il faudrait organiser ce genre d’événements plus souvent pour faire rayonner cette région exceptionnelle."
"Dès les premiers kilomètres, quand on aperçoit les premiers arbres en fleurs, on comprend qu’on arrive dans un lieu unique. Et plus on monte vers le village, plus le spectacle devient grandiose. Les aubépines recouvrent littéralement tout le paysage, c’est à couper le souffle!"
Pour comprendre cette transformation, il faut remonter aux racines de cette communauté. Les Môngs entretiennent une relation séculaire avec ces arbres, dont certains spécimens centenaires, âgés de 300 à 500 ans, témoignent d’une présence ancestrale sur près de 800 hectares. Thào A Vang, habitant du village, nous raconte cette évolution:
"Pendant des générations, nous récoltions simplement les fruits d’aubépine pour les vendre au marché. C’était notre gagne-pain, rien de plus. Mais il y a quelques années, des visiteurs venus de Hanoï sont arrivés. Ils nous disaient n’avoir jamais rien vu d’aussi beau. C’est là que je me suis posé la question: et si nous montrions notre trésor au monde entier?".
Thao A Vang, habitant du village de Nậm Nghiệp, prend soin de son verger de Son Tra. Photo: Lê Hạnh/VOV Nord-Ouest |
Cette prise de conscience collective a révolutionné l’économie locale. Fini l’agriculture sur brûlis traditionnelle, place au tourisme communautaire durable. Les familles ont développé des services d’hébergement, de restauration et de guidage, créant ainsi de multiples sources de revenus. En visitant la région des fleurs d’aubépine, les touristes peuvent s’immerger dans le mode de vie authentique des habitants des hautes terres et savourer les plats ethniques traditionnels. Des villageois expliquent cette double richesse:
"Nous avons compris la vraie valeur de nos aubépines. Lorsqu’elles fleurissent, c’est un spectacle magnifique qui attire des visiteurs de tout le pays. Et quand vient la saison des fruits, cela représente une source de revenus complémentaire précieuse pour nos familles."
"Chaque année, nous voyons arriver de plus en plus de touristes. Cela nous encourage, nous les villageois, à nous investir davantage dans l’accueil et les services touristiques."
Le Son Tra est devenu un produit touristique emblématique de la commune de Ngoc Chiên. Photo: Lê Hạnh/VOV Nord-Ouest |
Cette métamorphose n’est pas le fruit du hasard. Les autorités locales ont accompagné chaque étape de cette transition. Elles ont formé les villageois aux techniques de plantation, d’entretien et de valorisation touristique de leurs forêts d’aubépines. Nguyên Minh Tuân, secrétaire du Comité du Parti de la commune de Ngoc Chiên, dévoile avec détermination les ambitions du territoire:
"Nous avons fait le choix stratégique de miser sur nos deux atouts naturels: le tourisme et l’agriculture. Mais pour réussir cette transformation, il nous faut l’adhésion de toute la population et la mobilisation de toutes nos institutions. Je suis convaincu que nous y parviendrons, car l’engagement de nos habitants est total", partage-t-il.
Outre la contemplation des Son Tra, les visiteurs peuvent découvrir la richesse culturelle des Hmông. Photo: Lê Hạnh/VOV Nord-Ouest |
L’objectif est ambitieux: accueillir 18.000 touristes par an et atteindre un chiffre d’affaires de 10,8 milliards de dôngs, soit plus de 410 000 dollars annuels d’ici 2030. Cette vision collective mobilise toute la communauté. Khang A Phinh, autre habitant du village, illustre cet engagement avec passion:
"En plantant toujours plus d’aubépines, nous protégeons notre environnement contre l’érosion et les inondations. Nous créons un écosystème qui attire les visiteurs tout en préservant la pureté de notre air montagnard. Chaque arbre planté est une invitation lancée au monde à découvrir notre patrimoine".
Ainsi, ce qui n’était autrefois qu’un simple arbre nourricier pour les Môngs de Nâm Nghiêp est devenu le symbole d’une renaissance économique et culturelle. Une belle leçon de développement durable, où tradition et modernité se conjuguent harmonieusement dans les brumes matinales des montagnes vietnamiennes.