Le village de Tà Sô vue d’en haut. Photo : Trấn Long/VOV
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Vêtus de leurs costumes traditionnels, les jeunes hommes Mông dansent en cercle au rythme des airs qu’ils tirent de leur khène. À chaque fête ou visite de touristes, ils rejouent les mélodies héritées de leurs ancêtres, fiers de partager l’âme de leur culture. Certains parcourent des dizaines de kilomètres pour se produire, convaincus que chaque représentation contribue à faire vivre cet héritage. Mùa A Cua, lui, habite Tà Sô.
«Dans le village, nous avons formé un groupe pour jouer du khène ensemble. À chaque festival ou arrivée de visiteurs, nous jouons pour qu’ils découvrent notre culture. C’est une manière de préserver notre identité», nous confie-t-il.
Le khène Mông est joué lors des fêtes locales. Photo : Thào Ly/VOV |
Le khène occupe une place essentielle dans la vie spirituelle des Mông. Ses sons peuvent exprimer la joie, mais aussi la tristesse. Joué lors des funérailles, il guide symboliquement l’âme du défunt vers l’au-delà et l’empêche d’errer parmi les vivants. À l’inverse, les airs rythmés accompagnent les fêtes, les célébrations du Nouvel An ou les jeunes hommes déclarant leur amour. Mùa A Trông, maître de khène du village, nous en dit plus.
«Ce sont les divinités du ciel et de la terre qui ont offert le khène au peuple Mông. À chaque fête, à chaque deuil, on joue du khène. Nos ancêtres nous ont transmis cette tradition que nous continuerons de transmettre aux générations futures. Ce sera comme ça, pour toujours», affirme-t-il.
Mùa A Cua (au centre) joue du khène Mông. Photo: baosonla.vn |
Son fils, Mùa A Cua, a commencé à apprendre l’instrument auprès de son père à l’âge de quinze ans. Cinq ans plus tard, il est devenu à son tour maître de khène, officiant dans les cérémonies et les fêtes communautaires. Après trente années de pratique, il s’inquiète aujourd’hui de la disparition progressive des anciens musiciens et de la désaffection des jeunes. Craignant que le son du khène ne s’éteigne, il a décidé d’enseigner l’art aux adolescents du village et a constitué un petit groupe dédié à sa transmission.
«C’est très important de maintenir cette tradition, de préserver notre identité. J’invite les jeunes à apprendre, je leur enseigne ce que je sais pour que, quand nous serons vieux, ils puissent continuer à faire vivre le son du khène», explique Mua A Cua.
Le groupe de khène de Tà Sô compte aujourd’hui une quinzaine de membres. Après les longues journées aux champs, ils se réunissent pour pratiquer. L’apprentissage est difficile. Il faut de la patience, de la concentration et de la force, car la danse qui accompagne le jeu du khène demande autant de souffle que d’endurance. Mùa A Khu l’a vécu lui-même.
«Il faut vraiment aimer ça pour apprendre. J’ai mis trois ans à maîtriser l’instrument. C’est l’héritage de nos anciens, et je veux à mon tour le transmettre à mes enfants. Si on n’est pas passionné, on ne peut pas y arriver», partage-t-il.
Dans de nombreuses maisons de Tà Sô, les anciens khènes, suspendus à la place d’honneur, rappellent aux générations présentes leurs racines. Chaque mélodie traduit les émotions des Mông - la joie, la peine, l’amour ou la nostalgie. Grâce aux artisans et musiciens passionnés qui s’emploient à enseigner cet art, le khène continue de vibrer, porteur de la mémoire et de la beauté de l’âme Mông.