Washington et Pékin relancent un nouveau cycle de négociations commerciales

Quang Dung
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(VOVWORLD) - Des représentants de haut niveau des États-Unis et de la Chine se sont réunis à Londres, lundi 9 juin, pour des discussions visant à consolider une trêve dans leur différend commercial prolongé. Ces discussions font suite aux négociations tenues à Genève le mois dernier, qui avaient permis d’aboutir à une pause temporaire dans la guerre commerciale opposant les deux puissances. La rencontre de Londres intervient également quatre jours après un échange téléphonique entre Donald Trump et Xi Jinping, au cours duquel les deux dirigeants ont exprimé leur volonté de relancer des relations commerciales bilatérales, encore marquées par de profondes tensions.

La bonne volonté des deux parties…

Washington et Pékin relancent un nouveau cycle de négociations commerciales - ảnh 1Les délégations américaine et chinoise lors des négociations commerciales à Londres, au Royaume-Uni, le 9 juin 2025. Photo: United States Treasury/Handout via REUTERS

Le nouveau cycle de négociations entre les deux premières puissances économiques mondiales, qui s’est tenu au Lancaster House à Londres, marque le retour d’un mécanisme de consultation économique et commerciale bilatérale, mis en place pour la première fois depuis la rencontre de Genève le mois dernier. L’objectif était de maintenir et de renforcer la trêve commerciale, après que les deux pays se sont accordés à Genève sur une réduction des droits de douane pour une durée de 90 jours.

La délégation chinoise, dirigée par le vice-Premier ministre He Lifeng, a rencontré le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, et le représentant au Commerce, Jamieson Greer, étaient également présents. Selon les observateurs, la participation du secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, absent lors du cycle de négociations de Genève le mois dernier, a particulièrement retenu l’attention. En effet, le département du Commerce des États-Unis est l’agence fédérale chargée de mettre en œuvre les restrictions à l’exportation imposées récemment par Washington à l’égard de la Chine.

La présence de Howard Lutnick aux négociations de Londres est ainsi perçue comme le signe que les questions liées aux restrictions à l’exportation, notamment les terres rares exportées de Chine vers les États-Unis et les semi-conducteurs de pointe américains à destination des entreprises technologiques chinoises, figuraient parmi les principaux sujets au cœur des discussions bilatérales.

Ce nouveau cycle de négociations intervient également à peine quatre jours après le premier entretien téléphonique, le 5 juin, entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, depuis le retour de Donald Trump à la présidence en début d’année. Ces récents signaux témoignent ainsi de la volonté des deux pays de ramener progressivement leurs relations économiques et commerciales bilatérales sur une trajectoire plus stable, après les turbulences provoquées par la nouvelle politique tarifaire des États-Unis.

S’exprimant à l’issue de la première journée de négociations à Londres, le président américain Donald Trump a déclaré: 

«Nous voulons que le marché chinois s’ouvre aux produits américains. Si ce n’était pas notre objectif, nous n’aurions rien entrepris. Mais nous tenons vraiment à cette ouverture. Ce serait une bonne chose, à la fois pour la Chine et pour le reste du monde», a-t-il dit.

Même si les divergences commerciales entre les deux parties restent profondes et que certains sujets semblent presque impossibles à concilier, les États-Unis comme la Chine sont conscients que la situation actuelle ne profite à aucun des deux camps, estime Kent Kedl, fondateur du cabinet de conseil Blue Ocean, basé à Shanghai (Chine). 

«Ce dont un accord commercial a besoin, c’est d’un dialogue normalisé. Les deux parties doivent s’asseoir à la table et exprimer clairement ce que chacune attend, afin de pouvoir avancer vers quelque chose de plus ambitieux. Je pense que les deux camps ont des plans et des stratégies en vue d’un accord, car la situation actuelle ne peut pas durer indéfiniment», a-t-il indiqué.

… justifiée par des pertes économiques colossales

Washington et Pékin relancent un nouveau cycle de négociations commerciales - ảnh 2 Le secrétaire au Trésor Scott Bessent et le vice-Premier ministre He Lifeng (à droite). Photo: United States Treasury/Handout via REUTERS

Les données récemment publiées montrent que les tensions commerciales entre les deux plus grandes économies mondiales commencent à avoir un impact négatif non seulement sur les États-Unis et la Chine, mais aussi sur l’économie mondiale.

Le 9 juin, les douanes chinoises ont publié des chiffres indiquant qu’en mai, les exportations de la Chine vers les États-Unis avaient chuté de 34,5%, soit leur plus forte baisse depuis février 2020, au moment où la pandémie de Covid-19 avait provoqué de graves perturbations dans le commerce mondial. Les importations chinoises en provenance des États-Unis ont également reculé de 18,1%. Bien que ce rythme de baisse ait ralenti par rapport au mois d’avril, il reste nettement supérieur à celui enregistré à la même période de l’année précédente.

Aux États-Unis, bien que l’inflation reste sous contrôle et que le marché du travail demeure stable, les effets économiques de la guerre commerciale avec la Chine, ainsi qu’avec plusieurs autres économies, commencent à se faire sentir. De nombreuses entreprises américaines, en particulier dans le secteur de la vente au détail, ont déjà subi des pertes s’élevant à plusieurs dizaines de milliards de dollars en raison de l’impossibilité d’exporter leurs produits vers la Chine, et ont été contraintes d’augmenter les prix des biens importés sur le marché intérieur afin de compenser les coûts induits par les droits de douane.

«Les droits de douane actuels sont trop élevés pour nos entreprises qui continuent à importer des matières premières en provenance des États-Unis et à exporter certains produits vers le marché américain. Ces niveaux de taxation entravent sérieusement l’activité de nos sociétés. C’est pourquoi nous espérons que les deux pays parviendront à résoudre leurs différends et à conclure un accord permettant de réduire ces droits de douane», a indiqué Eric Zheng, président de la Chambre de commerce américaine à Shanghai

En plus des entreprises américaines et chinoises, le monde des affaires dans de nombreux pays suit également de près les évolutions des relations commerciales entre les deux principales puissances économiques mondiales.

Ces derniers jours, plusieurs organisations internationales telles que l’Association allemande de l’industrie automobile (VDA), l’Alliance pour l’innovation dans l’automobile aux États-Unis, ou encore le groupe indien Bajaj Auto, ont mis en garde contre le risque de perturbations, voire de paralysie de la chaîne de production automobile dans de nombreuses régions du monde, en cas de renforcement des restrictions chinoises sur les exportations de terres rares.

Par ailleurs, d’autres secteurs tels que l’électronique, l’aéronautique ou l’industrie de défense seraient également fortement affectés par les restrictions commerciales mises en place entre les deux pays.

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