 Quàng Văn Kho (droite). Photo: VOV |
«Lorsque le commandant du régiment a annoncé la libération de Diên Biên et la reddition du général de Castries, nous avons crié, applaudi… C’était une joie immense ! »
Quàng Văn Kho a les larmes qui lui perlent aux paupières lorsqu’il évoque ces années où, jeune homme encore, il a contribué à la victoire qui «a ébranlé le monde entier».
À 95 ans, et malgré une santé déclinante, il se souvient de chaque position de la garnison ennemie, des routes jonchées de cratères qu'il a contribué à combler sur le col de Pha Đin, une artère vitale reliant l'arrière-front au champ de bataille…
«Je remplissais les trous de bombe de 17h à 18h, puis je partais avec les villageois pour abattre des arbres dans la forêt. Certains transportaient de la terre, d'autres des pierres, d'autres encore des arbres. Nous devions travailler la nuit car les avions ennemis attaquaient le jour. C’était très difficile parce qu’on ne dormait pas. Une fois les trous de bombe comblés, nous rentrions chez nous vers 5 heures du matin, et à ce moment-là, nous prenions du manioc pour le petit déjeuner», se souvient-il.
Situé entre les provinces de Sơn La et Diên Biên, le col de Pha Din, est, avec ceux d’Ô Quy Hô, de Khau Phạ et de Ma Pi Leng, l'un des quatre cols les plus hauts du Nord-Ouest. C’est l’une des portes d'entrée de la cuvette de Diên Biên Phu, ce qui explique que l’armée française y ait exercé un harcèlement permanent, avec des bombardements incessants, ce qui a valu à l’endroit le doux surnom de «sac à bombes»…
 Photo: VOV |
D'après Lo Van Hoan, qui en est aujourd’hui le président du comité populaire, la commune de Muong E a elle aussi payé un lourd tribut à la campagne de Diên Biên Phu, avec une bonne trentaine de jeunes volontaires à son actif…
«Les jeunes générations ont envie de marcher sur les pas de leurs ancêtres. Si elles sont en paix, aujourd’hui, c’est grâce aux efforts inlassables des générations précédentes et en cette année du souvenir, il est important que chacun puise en prendre conscience», nous explique-t-il.
En 2020, le col de Pha Din a été reconnu comme site historique national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. La route escarpée qui le traverse reste une artère vitale, facilitant les échanges entre les provinces de Diên Biên et de Sơn La.
Sur place, un mémorial est en passe d’être achevée. Son inauguration devrait en principe avoir lieu avant le 30 avril. Pour Nguyên Dac Luc, secrétaire du comité du Parti du district de Thuân Châu, c’est un ouvrage hautement symbolique…
«Ca met en lumière la valeur historique du col de Pha Din. Une fois terminé, ce site deviendra un haut lieu touristique, contribuant aussi bien à l’essor du tourisme qu’au développement de notre district», se réjouit-il.
Soixante-dix ans après la bataille de Diên Biên Phu, le col de Pha Din demeure un symbole de la résilience du peuple vietnamien. Et il reste le chemin de la victoire…