Une cérémonie de culte pour la santé des éléphants

H’Xiu
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(VOVWORLD) - Pour les peuples des Hauts plateaux du Centre, les éléphants ne sont pas seulement un bien important qui traduit la puissance d’une famille. Ils sont également une sorte de génie, qui assure la chance et la prospérité de tout le village. Aussi ces peuples préservent-ils jusqu’à ce jour une série de pratiques rituelles relatives à cet animal, dont une cérémonie de culte destinée à lui garantir une parfaite santé.

Une cérémonie de culte pour la santé des éléphants - ảnh 1Les éléphants arborent des brocatelles multicolores

Direction Tri, un hameau Ede de la province de Dak Lak, où les villageois organisent leur cérémonie de culte pour la santé des éléphants à la source Bay Rông. Ils forment une file conduite par le chaman, qui porte dans sa main une petite gourde remplie d’eau. Le chaman est suivi par deux assistants et des jeunes transportant des offrandes. A la source, sous un arbre séculaire, sept éléphants arborent des brocatelles multicolores. Y Tang Rya, qui fait partie de la procession, nous explique que pour les Ede, les éléphants sont de «grands amis attachants».

“À travers cette cérémonie traditionnelle, nous exprimons notre respect pour les éléphants et notre voeu de les voir toujours en bonne santé. Le principal rite consiste à appliquer sur leur peau de l’alcool et du sang de porc. Nous l’effectuons en leur souhaitant bonne santé et bon appétit», nous indique-t-il.

Une cérémonie de culte pour la santé des éléphants - ảnh 2Les villageois forment une file conduite par le chaman, qui porte dans sa main une petite gourde remplie d’eau

Les Mnông, un autre peuple des Hauts plateaux, considèrent pour leur part les éléphants comme des membres de leur famille. Auparavant, chaque famille organisait la cérémonie de culte pour la santé de ses éléphants en fin d’année, après la dernière récolte. À cette occasion, les éléphants se voyaient offrir un congé et un bain généreux et pouvaient manger ce qui leur plaîsait le plus. Les offrandes comprenaient un cochon et quelques jarres d’alcool. Aujourd’hui, c’est la commune qui organise cette cérémonie pour l’ensemble de ses éléphants, une fois tous les deux ou trois ans. Les tâches de préparation sont clairement réparties entre les autorités et la population, comme l’indique Y Rin Knul, le patriarche du village d’Ea Mar, qui fait partie de la commune de Krông Na.

“Sur le plateau d’offrandes, nous déposons du riz cru et cuisiné, des bougies, du bétel, du tabac et de l’alcool. Nous avons préalablement abattu un cochon de 30 kilos environ, dont du sang est également déposé sur le plateau. Ce sang et les autres offrandes seront par la suite mis sur la tête des éléphants pour leur faire savoir combien nous tenons à eux et que nous sommes en train de prier pour leur santé», précise-t-il.

Le chaman prononce trois prières, les deux premières à l’intention des ancêtres et des divinités afin d’obtenir leur bénédiction pour les éléphants, la dernière prière étant destinée à remercier les divinités. Après chaque prière, les gongs retentissent. Les garçons et les filles se mettent alors à danser, main dans la main, et à siroter de l’alcool dans des jarres. Ensuite, le chaman se dirige vers l’endroit qui a été préparé à cet effet, chaque gardien d’éléphant amène sa bête devant lui, pour que le chaman pose sur sa tête une tête de cochon et du riz, y applique du sang et l’arrose avec de l’eau.

En effectuant ces gestes, le chaman lit sa prière souhaitant que les éléphants se portent toujours bien, soient attachés à leurs familles, aident leurs familles et leur village dans les grands travaux. Il fait également porter un bracelet en bronze à chacun des cornacs, leur donne à manger et prie pour qu’ils soient aussi en bonne santé pour soigner et protéger leurs bêtes.

Une cérémonie de culte pour la santé des éléphants - ảnh 3Les villageois sirotent de l’alcool

La partie rituelle finie, les villageois continuent de jouer du gong, de siroter de l’alcool et de danser. Y Com Hwing, chef de la troupe de gongs de Krông Na, s’en donne à cœur joie.

«Je suis tellement heureux de participer à cette fête qui renforce la solidarité entre les villageois et qui nous encourage à maintenir et à développer notre métier de cornac», déclare-t-il.

Ces dernières années, la province de Dak Lak a déployé d’importants efforts pour préserver ses troupeaux d’éléphants. Les autorités et la population savent que ces animaux proches de l’homme peuvent être une ressource précieuse pour le tourisme. Y Tê Bkrông, un habitant de Krông Na, souhaite ainsi que les cérémonies comme celle-ci soient maintenues et deviennent une attraction touristique majeure de sa localité.

«Certes, la société se développe, mais nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre identité culturelle. Nous sommes donc déterminés à préserver nos belles pratiques anciennes. Nous espérons que les autorités locales nous aideront à organiser des fêtes traditionnelles et à les promouvoir auprès des touristes», dit-il.

La cérémonie de culte pour la santé des éléphants, telle qu’elle est pratiquée par les peuples des Hauts plateaux du Centre, traduit leur attachement et leur gratitude envers ces pachydermes si intelligents, amicaux et travailleurs, ainsi que leur engagement à vivre en harmonie avec la Nature.

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