Après la cérémonie, les villageois discutent et partagent joyeusement un festin |
Cap sur Tri Phuong, un village de Cao Bang. Les villageois se sont réparti les tâches quelques jours avant le jour du coq, comme l’indique leur cheffe, Ma Thi Hao.
«Nous préservons cette tradition depuis longtemps. Chaque famille est représentée par une personne lors de la cérémonie. Mais pour ce qui est des contributions matérielles, tous les 40 foyers du village ont répondu présents», nous dit-elle.
La cérémonie est conduite par la cheffe du village |
La cérémonie se déroule dans l’après-midi, au temple dédié au génie gardien de la terre. Elle est conduite par la cheffe du village. Les offrandes incluent une tête de porc, de la viande, du riz gluant cuit à la vapeur et de l’alcool. Après les avoir installées sur l’autel, la maîtresse de cérémonie prie les divinités d’apporter aux villageois un climat clément et des récoltes abondantes.
Selon la coutume, la maîtresse de cérémonie demande le consentement du génie tutélaire du village à l’aide de deux pièces de monnaie anciennes. L’une des deux faces de la monnaie est appelée yang et l’autre appelée yin. La maîtresse de cérémonie les lance en l’air pour qu’elles retombent. Le cas idéal est qu’une des deux monnaies montre la face yang et l’autre, la face yin. Ce cas de figure signifie que le génie tutélaire du village accepte volontiers la requête des villageois. Sinon, il faut recommencer à lancer les pièces. Et si les deux prochaines tentatives n’apportent toujours pas le résultat escompté, ce sera la grande déception…
Ce rite de «consultation» du génie tutélaire doit être effectué trois fois, la première fois pour le prier d’accepter les offrandes, la deuxième fois pour qu’il accepte d’apporter un bon climat et de bonnes récoltes, et la troisième fois pour qu’il bénisse le village et rentre au ciel. Phan Thi Anh, une villageoise, tient beaucoup à cette tradition.
«Nous pratiquons une seule saison de riz par an, la saison suivante étant consacrée au maïs. Autrement dit, c’est de cette saison rizicole que dépend notre sécurité alimentaire et nous devons organiser une cérémonie en bonne et due forme pour nous attirer la bénédiction des divinités. Après la partie rituelle, nous discutons et partageons joyeusement un festin. On se demande des nouvelles les uns des autres et se donne rendez-vous au champ», partage-t-elle.
Les villageois de Tri Phuong ont l’habitude de venir au festin chacun avec leur bol et leurs baguettes, de ranger et de faire la vaisselle ensemble, fait savoir Nông Tiên Duoc, l’un d’entre eux.
«Nous avons attendu avec impatience cette journée pour nous rencontrer et apprendre les uns des autres sur la façon d’obtenir les meilleures récoltes possibles, mais surtout pour préserver ensemble une très belle tradition culturelle de notre communauté», déclare-t-il.
Après les rites viennent la danse des licornes, la démonstration d’arts martiaux et les chants folkloriques… Les villageois se sentent plus que jamais solidaires et confiants quant à une nouvelle saison fructueuse.