Piêu, le foulard d’amour des femmes thaï

Cheo Thu
Chia sẻ
(VOVWORLD) - Chez les Thaï noirs, qui vivent dans les montagnes du Nord-Ouest, le foulard des femmes n’est pas qu’une étoffe anodine. Piêu, c’est son nom, est un objet spirituel, une offrande, une preuve d’amour… Selon la tradition, toutes les femmes doivent savoir confectionner elles-mêmes leur Piêu.
Piêu, le foulard d’amour des femmes thaï - ảnh 1Les foulards Piêu

Toutes les femmes thaï noires ont leur Piêu. Ce foulard est une pièce maîtresse de leur habit quotidien, un cadeau qu’elles offrent à l’élu de leur cœur et une offrande utilisée lors des cérémonies de culte, comme nous l’explique Hoàng Thi Mai, 71 ans, une artisane de Son La.

«Le Piêu est pour nous un objet indispensable. Avant son mariage, la femme doit en broder au moins 30 pour les offrir aux parents et à la famille de son futur mari», indique-t-elle. «À la mort de l’un des deux conjoints, le Piêu est coupé en deux, l’une des moitiés servant à couvrir le visage de la personne décédée. L’autre personne gardera la moitié restante jusqu’à la fin de ses jours et au moment de son décès, on utilisera cette moitié pour couvrir son visage. Comme ça, le couple pourra se retrouver dans l’autre monde».

Piêu, le foulard d’amour des femmes thaï - ảnh 2

Toute mère thaï noire qui se respecte aura à cœur d’apprendre à sa fille à confectionner son Piêu. Il faut d’abord choisir un beau tissu blanc, de préférence de tissage artisanal. Ce tissu sera ensuite teinté en noir et les fils à broder, en différentes couleurs, avec des colorants naturels. Les décorations ne se trouvent qu’aux deux extrémités du foulard. La technique traditionnelle consiste à broder au verso le motif qui apparaît au recto. Il s’agit souvent de losanges, de plantes ou de fleurs… Une fois la broderie achevée, le foulard sera bordé de tissu rouge sur toute sa longueur. Sur ses deux extrémités, seront accrochés de minuscules cônes de tissu, rouge aussi, représentant des feuilles de fougère. En général, les femmes thaï portent un foulard avec trois «feuilles de fougère» à chaque extrémité, mais lorsqu’elles offrent un Piêu à quelqu’un, il faudra alors au moins cinq feuilles, nous dit Lù Thi Chum, une Thaï noire de Son La.

«Pour créer ces feuilles de fougère, nous roulons une bande de tissu rouge large d’un centimètre autour d’un noyau constitué de fils, de façon à faire un cône représentant la feuille», précise-t-elle. «Ma mère m’a appris à broder et à mon tour, je veux aussi transmettre ce savoir-faire pour que l’identité culturelle thaï ne se perde jamais».

Modernisation oblige, la plupart des jeunes thaï noires ne savent plus broder. Leur apprendre ces techniques traditionnelles est donc devenu une priorité pour les autorités et les associations de femmes de plusieurs localités du Nord-Ouest, estime Quàng Thi Vin, la présidente de l’Union des femmes de Son La.

«Chaque année, dans le cadre de la fête des fleurs de bauhinie, nous organisons un concours de broderie de Piêu», nous dit-elle. «C’est l’occasion pour les femmes de se rencontrer, d’apprendre les unes des autres, de perpétuer la tradition et de la transmettre aux générations suivantes».

Si dans leur vie quotidienne, les femmes thaï noires préfèrent les vêtements modernes à l’Occidentale pour leur aspect confortable, il est hors question pour elles de renoncer à leur habit traditionnel, et encore moins à leur foulard Piêu.

Feedback