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Si plusieurs Dao rouges savent encore fabriquer le papier traditionnel utilisé dans leurs pratiques rituelles, Lo Sanh Phin est le seul à leur fournir des claies de qualité qui servent notamment à formater le papier. Pour Triêu Thi Mùi, dont la famille fabrique ce papier depuis quatre générations, le savoir-faire de Lo Sanh Phin est inégalé autant qu’inégalable.
«Auparavant, on achetait des claies toutes faites au marché, au prix de 2 millions de dôngs l’unité, mais c’était nul. Elles n’étaient pas aussi bien tendues que celles de Monsieur Phin, et leur forme ronde les rendait difficiles à utiliser», raconte-t-elle. «Depuis qu’on a trouvé les claies de Monsieur Phin, on est tout content. Elles sont excellentes, ne coûtent que 800 mille dôngs, et ne doivent être changées qu’au bout de deux ou trois ans».
Lo Sanh Phin, lui, pratique ce métier depuis quelques dizaines d’années. Au début, il aidait son oncle, qui était le maître accrédité, à réparer les claies en en refixant les bordures. Il faut savoir en passant que plutôt d’acheter une nouvelle claie, les habitants ont l’habitude de faire réparer l’ancienne tant que c’est encore possible. Finalement, il y a 10 ans, son oncle lui a révélé tous les secrets de cette vannerie particulière. Par rapport aux autres ustentiles tels que les hottes et les paniers, le tressage d’une claie destinée à la fabrication du papier traditionnel est beaucoup plus sophistiqué et prend au moins 5 jours. Le principal matériau est le vâu, une variété de bambou qui pousse abondamment dans la région. Ce bambou est coupé en morceaux de 85 à 90 cm. L’artisan prend uniquement la partie extérieure du tronc et la réduit en filaments qu’il polira. Le cadre pour tresser la claie est un rectangle en bois de format 90x30cm. 54 fils en plastique sont tendus à la verticale, bien vissés sur les deux côtés. L’artisan enfile chaque filament dans un tube en bambou de la taille d’un doigt et fait passer le tube parmi les fils en plastique. Après chaque traversée, il retire le tube et descend le filament le plus bas possible, de façon à ce que les filaments soient bien serrés. Pour cela, il revisse régulièrement les fils en plastique…
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La claie tressée sera ensuite mise à sécher au soleil. Ce travail minutieux donne à Lo Sanh Phin un revenu modeste de 2,8 à 3,5 millions de dôngs (130 dollars). Tout ce qu’il veut maintenant, c’est de trouver de bons disciples.
«J’ai près de 70 ans et je souhaite transmettre tout mon savoir. Mais, à part mes propres enfants, personne ne semble être attiré par ce travail qui exige une grande minutie», reconnaît-il.
Il y a pourtant urgence à trouver la relève. L’existence du papier traditionnel Dao est elle-même menacée et avec elle, tout un pan de cette culture.