Le patriarche villageois joue un rôle très important dans les villages et les hameaux. Photo: Bao Trung |
À plus de 70 ans, Ma An est encore très vif et participe activement aux activités villageoises. Ancien président du comité populaire de la commune de Krông Na, il a été élu en 2004 chef du village de Tri A. À l'époque, les Hauts plateaux du Centre étaient en proie à l’émergence du Fulro (Front unifié de lutte des races opprimées), une organisation réactionnaire qui incitait les populations locales à manifester, à troubler l’ordre public et à traverser illégalement la frontière. Durant cette période difficile, Ma An se rendait dans chaque foyer pour dévoiler aux villageois le vrai visage des éléments du Fulro. Les villageois ont écouté Ma An et personne n’a répondu aux appels des réactionnaires.
«Je dis aux villageois de ne jamais écouter les réactionnaires. Il faut en revanche suivre les politiques du Parti et de l’État qui ne cherchent qu’à nous faire du bien», affirme Ma An.
Y Thương K’Măn, un patriarche villageois de la commune de Bông KRang, a près de 80 ans cette année. Depuis plus de 50 ans qu’il est membre du Parti communiste vietnamien, il œuvre assidûment à la consolidation de l’union nationale. Selon lui, bien que le pays se développe, la vie des minorités ethniques reste encore difficile et les forces hostiles en profitent pour les inciter à s’opposer aux autorités. Les membres du Parti comme lui doivent donc être des personnes solides et crédibles pour les habitants, se dit Y Thương K’Măn.
«Ces derniers temps, le Parti et l’État ont beaucoup fait pour les minorités ethniques. Toutes les familles ont aujourd’hui de l’électricité et peuvent se faire soigner gratuitement. C’est une politique avantageuse que l’État nous réserve exclusivement», note-t-il.
Un patriache villageois présente aux adolescents les moeurs et coutumes des Ede. Photo: Bao Trung |
La province de Dak Lak est la terre d’élection de 49 communautés ethniques, et où les minorités représentent 36% de la population totale. Les personnes influentes les aident à maintenir l’ordre et la sécurité, à résoudre les problèmes rencontrés au niveau du village et de la famille. Elles les encouragent aussi à développer le tourisme comme étant un moyen de préserver leurs identités culturelles. Pour Y Nuel Niê, un patriarche villageois de Buôn Ma Thuôt, c’est une manière de faire d’une pierre deux coups: le tourisme rend compte aux villageois des valeurs de leurs traditions culturelles et leur apporte des revenus supplémentaires.
«La préservation des traditions culturelles pourrait permettre de générer des revenus pour financer les études des enfants et créer de nouveaux emplois. C’est bien aussi de faire connaître notre culture Ede aux autres Vietnamiens comme aux touristes étrangers», plaide-t-il.
Les personnes influentes au sein des minorités ethniques sont ainsi non seulement des gardiens des valeurs traditionnelles, mais également des passerelles entre le pouvoir central, les administrations locales et les habitants.