Les Odu |
Autrefois, les Odu avaient leur propre territoire qui se trouvait entre les provinces de Xiengkhuang et de Huaphan du Laos et les districts montagneux de l’ouest de la province de Nghê An, du Vietnam. Vers la fin du 14e siècle, ce peuple a vécu une période tragique, où il a été traqué, pourchassé. C’est à tel point vrai que pour éviter une extermination complète de leur communauté, la plupart des Odu ont dû renoncer à leur propre nom, à leur langue, à leurs coutumes… et se fondre dans d’autres groupes ethniques. Ceux qui ont survécu gardent d’ailleurs de fortes influences des ethnies voisines, a fortiori les Thai et les Kho Mu, nous fait remarquer le professeur Dang Nghiêm Van au musée d’Ethnographie du Vietnam.
«Il est quasi-impossible aujourd’hui de trouver une famille 100% Odu. Soit la femme est Odu et le mari est Kho Mu, soit le mari est Thai et la femme est Odu… Ce phénomène sociologique explique pourquoi les Odu sont le deuxième plus petit groupe ethnique au Vietnam», explique-t-il.
En 1935, ils n’étaient que 34. Aujourd’hui, la population Odu vivant parmi les Thai et les Kho Mu s’élève à près de 500 personnes.
Seules quelques personnes âgées savent encore parler l’Odu, qui fait partie de la famille des langues khmères. De ce patrimoine lexical, il ne reste plus que 200 mots. Les patriarches ont ouvert une classe pour les apprendre aux enfants. Mais la langue Odu écrite a complètement disparu. Pour communiquer, ce peuple utilise un mélange entre les langues des Kho Mu et des Thai.
Leur passé nomade explique leur identité peu marquée. En 2006, alors qu’ils avaient à peine établi une vie plutôt stable, les Odu se sont vus obligés une nouvelle fois de déménager, pour céder la place à la construction de la centrale hydroélectrique de Ban Ve. Leur nouvelle destination est Vang Môn, un village rattaché au district de Tuong Duong, dans la province de Nghê An.
Ils vivent dans des maisons sur pilotis, couvertes de bambou ou de paillote, qui diffèrent plus ou moins de celles des autres peuples, nous indique le professeur Dang Nghiêm Van.
«La principale différence est d’ordre spirituelle. L’autel des ancêtres des Odu est soit une petite étagère au-dessus du lit soit un simple store accroché au toit. Les Kho Mu, eux, installent leur autel des ancêtres dans la travée au fond de la maison, interdite d’entrée à tout étranger», précise-t-il.
La grande originalité des Odu réside dans le fait qu’ils se réfèrent au son du tonnerre pour déterminer du passage à la nouvelle année, fait savoir le professeur Van.
«Par expérience, les Odu savent qu’il y aura le premier coup de tonnerre à un certain moment de l’année. Ils amènent alors tous les ustensiles ménagers au bord du ruisseau pour les laver et les faire sécher dans l’attente de ce coup qui marquera pour eux, le passage à la nouvelle année», indique-t-il. «C’est à ce moment-là qu’ils organiseront une cérémonie en vue de s’attirer la bénédiction des divinités, auxquelles ils se fient entièrement».
Le tonnerre gronde, jeunes et moins jeunes descendent dans le ruisseau pour se laver les cheveux et le visage, priant pour que leur nouvelle année se passe ainsi, dans la fraîcheur et l’allégresse.