Photo Vũ Miền/VOV |
C’est en chantant qu’un
garçon Dao Thanh Y invite une fille à l’accompagner à la fête au village de
Bang Ca. Cette fête annuelle a lieu au début du printemps, quand les
températures ont légèrement augmenté et que la récolte est terminée. Elle
attire des milliers de touristes venus déguster des plats typiques de la
contrée, mais aussi et surtout voir les jeunes villageois lancer des balles
d’étoffe et échanger des chants. C’est par ces chants folkloriques que les
jeunes gens communiquent, à toutes les occasions importantes: mariage,
cérémonie marquant le passage à l’âge adulte, fêtes villageoises... Et les
premières phrases restent toujours les mêmes, pas question de les modifier. «Un
homme sur une rive voit un dragon sous l’eau. Le dragon crache de l’eau, abondamment,
pour le monde d’en bas comme pour celui d’en haut…»
Lorsque la solennité
n’est pas de mise, les Dao Thanh Y chantent ce qui leur plaît.
Photo Vũ Miền/VOV |
Des paroles simples qui
vont droit au cœur, semant des graines d’amour. Certains, comme Truong Thi Quy,
chantent tellement bien qu’ils sont de véritables maestros.
«Beaucoup de mariages résultent d’échanges de chants alternés»,
nous dit-elle. «Ces chants me
fascinent, j’y pense tout le temps, au point de m’en imprégner complètement.
C’est autant plus réjouissant qu’on peut jouer avec ces chants, je défie les
jeunes de me donner des répliques en chantant. Et souvent, c’est moi qui
gagne.»
Les Dao Thanh Y
commencent leur chant par une mélodie constituée d’un seul phonème, une mélodie
longue et envoûtante. Viennent ensuite des paroles douces, presque des
murmures, sur des airs qui changent avec le temps. A 75 ans, Dang Thanh Long
connaît encore par cœurs des mélodies anciennes.
«Les jeunes d’aujourd’hui ne chantent pas aussi bien que nous»,
déplore-t-il. «A mon époque, tous les
jeunes célibataires chantaient dans l’espoir de trouver l’âme sœur. C’était
comme ça tous les jours, du premier au quinzième jour du premier mois lunaire.
Vous savez pourquoi? Parce qu’au fond, nous les Dao Thanh Y sommes très
timides. Devant une fille qui nous plaît énormément, on n’ose pas lui parler.
Le chant nous rend plus courageux. Moi, j’ai commencé à chanter dès l’âge de
16-17 ans.»
Depuis quelques années,
la commune de Bang Ca fait des chants alternés l’une de ses principales attractions
touristiques. Les jeunes ont repris goût à cette pratique musicale ancienne qui
contribue à la définition de leur identité.