Le khên des Thai de Muong Lo

Dinh Tuan
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(VOVWORLD) - Les Thai qui habitent à Muong Lo, dans la province septentrionale d’Yen Bai, sont très fiers de leur khên. Messager d’amour, il rythme leurs chants, leurs danses, et constitue un symbole de leur culture.
Le khên des Thai de Muong Lo - ảnh 1Photo Đinh Tuấn/VOV

Il était autrefois un gentil jeune homme nommé Lo, qui avait le talent de faire sonner même une simple feuille qu’il mettait dans sa bouche. Une belle jeune fille tomba éperdument amoureuse de lui, au grand dam des siens qui étaient fortunés et qui voyaient cette union d’un très mauvais œil. Aussi la jeune demoiselle fut-elle enfermée dans sa chambre et sa main promise à un jeune homme de bonne famille. Déçu, le jeune Lo décida de quitter le village. Un jour, il s’arrêta au bord d’un ruisseau. Il voulait fabriquer une flûte pour se consoler. Aussitôt, il avisa des bambous qui poussaient là, qu’il arracha et tailla pour en faire un khên. Les sons émis étaient tellement beaux et diversifiés que les amis du jeune Lo voulurent l’imiter. Et c’est ainsi que les Thai trouvèrent l’instrument idéal pour exprimer leurs sentiments, nous dit leur légende.

Le khên des Thai se compose de 14 petits tuyaux de bambou disposés en deux rangées. Ces bambous minces comportent peu de nœuds et sont assemblés du plus court au plus long. On ne souffle pas directement dans ces tuyaux mais dans une embouchure dont une extrémité est bouchée avec de la cire d’abeille. Les anches en cuivre sont les détails les plus difficiles à travailler.

Le khên peut interpréter toutes les mélodies, anciennes comme modernes, et accompagner chants et danses populaires.

Le khên des Thai de Muong Lo - ảnh 2Le plus grand khên reconnu au Vietnam - Photo Đinh Tuấn/VOV

La grande particularité du khên réside dans les sons doubles qu’il émet. Les Thai les appellent les sons du papa et de la maman, du yang et du yin: une façon pour eux de rendre hommage à la vie, comme nous l’explique Lo Van Bien, un maître artisan habitant le bourg de Nghia Lo.

«On joue du khên à l’occasion de toutes les fêtes, que ce soit lors de la pendaison de crémaillère ou d’un mariage. Le xoe, notre danse traditionnelle, n’existerait pas sans le khên. Nous l’adorons.», nous dit-il.

Pour valoriser cet instrument dont ils sont si fiers, les Thai de Nghia Lo ont fabriqué un khên de 2 mètres de haut et 5 mètres de large qu’ils ont exposé lors de la semaine culturelle et touristique de Muong Lo, en septembre dernier. Il s’agissait d’un khên authentique que cinq musiciens ont joué pour accompagner des milliers de danseurs. «Nous avons décidé cette année d’honorer le khên, un instrument extrêmement important dans la vie musicale des Thai mais qui n’a pas toujours été valorisé comme il se devait.», estime Hoang Thi Hong Hanh, la vice-présidente du comité populaire de Nghia Lo.

A cette occasion, ce khên géant a été inscrit dans le livre Guinness des records du Vietnam, un encouragement pour les Thai de Muong Lo qui entendent promouvoir le patrimoine ancestral.

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