Photo Đinh Tuấn/VOV
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Il était
autrefois un gentil jeune homme nommé Lo, qui avait le talent de faire sonner
même une simple feuille qu’il mettait dans sa bouche. Une belle jeune fille
tomba éperdument amoureuse de lui, au grand dam des siens qui étaient fortunés
et qui voyaient cette union d’un très mauvais œil. Aussi la jeune demoiselle
fut-elle enfermée dans sa chambre et sa main promise à un jeune homme de bonne
famille. Déçu, le jeune Lo décida de quitter le village. Un jour, il s’arrêta
au bord d’un ruisseau. Il voulait fabriquer une flûte pour se consoler. Aussitôt,
il avisa des bambous qui poussaient là, qu’il arracha et tailla pour en faire
un khên. Les sons émis étaient tellement beaux et diversifiés que les amis du
jeune Lo voulurent l’imiter. Et c’est ainsi que les Thai trouvèrent
l’instrument idéal pour exprimer leurs sentiments, nous dit leur légende.
Le khên des Thai
se compose de 14 petits tuyaux de bambou disposés en deux rangées. Ces bambous minces
comportent peu de nœuds et sont assemblés du plus court au plus long. On ne
souffle pas directement dans ces tuyaux mais dans une embouchure dont une
extrémité est bouchée avec de la cire d’abeille. Les anches en cuivre sont les
détails les plus difficiles à travailler.
Le khên peut
interpréter toutes les mélodies, anciennes comme modernes, et accompagner
chants et danses populaires.
Le plus grand khên reconnu au Vietnam - Photo Đinh Tuấn/VOV |
La grande
particularité du khên réside dans les sons doubles qu’il émet. Les Thai les
appellent les sons du papa et de la maman, du yang et du yin: une façon pour eux
de rendre hommage à la vie, comme nous l’explique Lo Van Bien, un maître artisan
habitant le bourg de Nghia Lo.
«On joue du khên
à l’occasion de toutes les fêtes, que ce soit lors de la pendaison de
crémaillère ou d’un mariage. Le xoe, notre danse traditionnelle, n’existerait pas
sans le khên. Nous l’adorons.», nous dit-il.
Pour valoriser
cet instrument dont ils sont si fiers, les Thai de Nghia Lo ont fabriqué un
khên de 2 mètres de haut et 5 mètres de large qu’ils ont exposé lors de la
semaine culturelle et touristique de Muong Lo, en septembre dernier. Il
s’agissait d’un khên authentique que cinq musiciens ont joué pour accompagner
des milliers de danseurs. «Nous avons décidé cette année d’honorer le khên, un
instrument extrêmement important dans la vie musicale des Thai mais qui n’a pas
toujours été valorisé comme il se devait.», estime Hoang Thi Hong Hanh, la
vice-présidente du comité populaire de Nghia Lo.
A cette
occasion, ce khên géant a été inscrit dans le livre Guinness des records du
Vietnam, un encouragement pour les Thai de Muong Lo qui entendent promouvoir le
patrimoine ancestral.