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La période de khuoi quan est en fait une période probatoire au cours de laquelle le futur marié fait montre de ses qualités et exprime sa reconnaissance envers les parents de sa moitié. C’est en tout cas l’explication officielle qu’avancent les Thaï, dont Cà Van Chung est un illustre représentant.
« Pour nous les Thaï, comme les parents de la fille lui ont donné naissance et pris soin d’elle, il paraît tout à fait logique que le garçon leur exprime sa reconnaissance en s’installant chez eux et en travaillant pour eux », dit-il. « La durée de cette période est décidée conjointement par les deux familles. Pendant cette période, le couple n’est pas encore officialisé et le garçon doit dormir dans la salle de séjour tandis que la fille a le droit d’accueillir d’autres garçons qui viennent la courtiser ».
C’est justement pour réserver à sa belle la liberté de choisir mais aussi de renoncer à lui-même que le garçon observe volontairement cette règle de chasteté, fait remarquer Tong Van Hia, un patriache de Son La.
« Le jour de son arrivée, le garçon doit s’agenouiller devant les parents et les personnes âgées de la famille de la fille, rituel pour obtenir leur admission en tant que membre de la famille. Il doit faire le même geste pour obtenir leur pardon s’il a fait quelque chose de mal », indique-t-il. « Lorsqu’il se déplace dans la maison, il doit éviter de passer par la chambre à coucher de ses futurs beaux-parents, devant l’autel des ancêtres et le foyer principal. Il lui est également interdit de s’asseoir au même niveau que les personnes plus âgées. Par contre, il a le droit de faire l’aller-retour entre les deux familles, au lieu de rester tout le temps chez sa future épouse ».
Au bout de cette période qui dure au moins un an, si la fille et ses parents sont vraiment satisfaits du travail accompli par le garçon, le mariage aura lieu. Sinon, les deux jeunes gens se quitteront pacifiquement sans que la réputation de chacun d’entre eux ne soit compromise…
Modernisation oblige, les jeunes Thaï d’aujourd’hui sont libres de choisir l’élu(e) de leur cœur. Ils ont également le choix d’observer ou non les coutumes anciennes. Mais si beaucoup renoncent à cette période de test des qualités du futur marié, beaucoup d’autres la considèrent toujours comme une belle tradition.