Photo Ngọc Anh/VOV5
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Phu Gia est l’un des trois villages anciens du quartier de Phu Thuong, les deux
autres étant Thuong Thuy et Phu Xa. Quant au quartier de Phu Thuong, il fait
partie intégrante de l’arrondissement de Tay Ho, à Hanoi donc.
Cette fameuse fête du riz gluant, ce n’est pas tout à fait en fanfare
qu’elle débute, mais au son des tambours, auquel viennent s’ajouter de
nombreuses danses folkloriques. Et très vite, l’exubérance gagne tout le
village.
Mais c’est avec le concours de cuisson de riz gluant que la fête atteint
son paroxysme.
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Cette année, le concours a mis aux prises 6 équipes, chacune ayant à cœur
de mettre en valeur les saveurs typiques de la localité. Mais s’il s’agit bel
et bien d’un concours de cuisson de riz gluant, il s’agit également d’un
concours de connaissances puisque chaque équipe devait également répondre à des
questions sur la cuisson du riz gluant. Et si la fête se tient de facto dans le
village de Phu Gia, elle prend le nom du quartier de Phu Thuong, car c’est bien
tout un quartier qui se sent ainsi impliqué dans la défense et la promotion de
son produit phare.
« C’est une fête qui est liée au culte du génie tutélaire du village,
et qui est organisée dans la maison communale, dans l’après-midi du 8ème
jour de l’année lunaire », nous explique Hy Phu, le chef du comité
d’organisation de la fête du riz gluant de Phu Thuong. « Pour ce qui est
du village de Phu Gia, il faut savoir qu’il est divisé en 6 hameaux et que
chaque hameau présente une équipe de 5 personnes. Alors en quoi consiste le
concours, sinon… Eh bien à préparer toutes les sortes de riz gluant
possibles : au haricot mungo, au haricot noir, à la cacahuète, à la pomme de
merveille et bien sûr aux 5 couleurs… Le temps réglementaire est d’une heure
pile. Alors, pour le jury, il y a plusieurs critères d’évaluation : la
cuisson proprement dite, la présentation, la saveur… »
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Comme il se doit, les membres du jury sont tous des cuiseurs émérites.
C’est le cas de Công Thi Be, qui en fait partie depuis quelques années
déjà.
« C’est une façon comme une autre de perpétuer une ancienne coutume »,
nous dit-elle. « Ce qu’on demande aux participants, c’est d’être capable
de préparer un beau plateau de riz gluant et d’avoir de réelles connaissances
sur le sujet. Le riz est goûté par ceux qui assistent à la fête, de toutes
façons. L’idée, c’est qu’il soit glutineux, souple, parfumé, savoureux… et
qu’il le reste toute une journée durant ! »
Naturellement, cette fête du riz gluant fait la part belle aux mets
campagnards de la région : galettes de riz soufflées, nougats, alcool de
riz gluant… Nguyên Hông Son est ce qu’on appelle une « enfant du
pays », et visiblement elle n’est pas peu fière de « son » riz
gluant.
« Oui, c’est vrai, je suis fière, et même très fière, d’être née dans
un village qui produit un aussi bon riz gluant ! Cela dit, je trouve qu’il
mériterait d’être davantage connu », estime-t-elle.
Connu, il l’est déjà. Et apprécié, à juste titre. Dire des cuiseurs de Phu
Gia qu’ils ont su élever la préparation du riz gluant au rang d’artisanat noble
n’aurait rien d’exagéré. Trois d’entre eux sont d’ailleurs des artisans de
niveau national.
« On tient une moyenne quotidienne de 9 tonnes par jour ! Et
quand c’est un jour de fête, alors là bien évidemment, c’est beaucoup plus…
Certains restaurants de l’aéroport de Noi Bai viennent s’approvisionner chez
nous, de toutes façons, ce qui garantit un bon écoulement. Ici, c’est un
village d’artisanat traditionnel, reconnu comme tel, en tout cas, depuis
l’année dernière. Alors maintenant, la prochaine étape, c’est la création d’un
label et on y travaille d’arrache-pied », nous indique Hoàng Gia Luong, le
président de l’association des artisans du village.
On ne se risquera tout de même pas à dire des habitants de Phu Gia que leur
riz gluant leur colle à la peau… Force est de constater néanmoins que pour eux,
ce riz est bien plus qu’une denrée alimentaire : un art de vivre à part
entière…