Un orage par jour, un roman à dévorer

Thùy Linh
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(VOVWORLD) - Le dessinateur français André Derainne a récemment publié un roman graphique et culinaire intitulé Un orage par jourqui lui a été inspiré des deux mois qu’il a passés à la Villa Saigon, une résidence artistique proposée par l'Institut français à Hô Chi Minh-ville, au Vietnam donc. André Derainne a accordée une interview à Thùy Linh, qui en a profité pour lui demander ce qui l’avait  amené au Vietnam et plus particulièrement à la Villa Saigon.  
Un orage par jour, un roman à dévorer  - ảnh 1André Derainne. Photo: lepetitjournal

Plusieurs choses… En fait, j’avais depuis très longtemps envie de faire un livre qui se passe dans une très grande ville dynamique, et Hô Chi Minh-ville est quand même une ville extrêmement dynamique, correspondant tout à fait au type de villes dont je voulais parler. C’est aussi une grande ville en plein mouvement, qui bouge beaucoup en ce moment. C’est pour ça que ça m’intéressait beaucoup d’y aller. Ensuite, j’ai vu une opportunité de résider à la Villa Saigon, qui propose à des artistes de créer, dans un lieu donné, dans un certain temps, avec des moyens d’accompagnement. De plus, je ne connaissais votre pays qu’à travers l’histoire, l’histoire de la colonisation, de la guerre… J’ai eu envie de connaître personnellement ce pays.

VOVworld: Votre passage à la Villa Saigon vous a inspiré l’écriture d’Un orage par jour. Pourriez-vous nous expliquer le choix de ce titre?

Quand j’étais à la Villa Saigon, c’était en septembre ou en octobre en 2019. La météo est très spéciale. Tous les jours, il y a un énorme orage. Les orages au Vietnam, en tout cas à Hô Chi Minh-ville, sont impressionnants et l’on ne peut pas trouver l’équivalent en France. Ils sont beaucoup plus violents, d’une certaine manière... Mais moi, j’adore les orages. C’est cette atmosphère assez chaude, lourde et humide, qui a vraiment rythmé mes journées au Vietnam. On peut trouver en effet des orages à la fin de chaque chapitre de mon roman. De plus, il y a beaucoup de choses qui se passent à l’extérieur. On mange dehors, on marche toute la journée dans la rue de quartiers différents de la ville et on est en contact direct avec la météo. Et naturellement, quand j’ai cherché un titre à donner à mon livre, j’ai pensé à cette météo qui a marqué mon séjour. Je suis donc assez content de ce titre qui correspond à tout ce que je veux raconter à travers mon livre.

Un orage par jour, un roman à dévorer  - ảnh 2La première de couverture. Photo: @andre.derainne

VOVworld: Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confronté pour relater les odeurs et les saveurs si particulières de notre pays?

C’est vrai que c’est extrêmement compliqué parce que c’est effectivement toutes ces odeurs, ces saveurs qui font justement le charme et l’intérêt de la complexité d’une ville comme Hô Chi Minh-ville. J’ai beaucoup de mal à relater ces éléments parce que c’est assez dur de dessiner des plats que les gens ne connaissent pas et qu’il faut quand même leur donner envie avec des dessins pas trop détaillés. Ce n’est pas simple, mais j’ai dû trouver une technique cohérente pour retranscrire cette atmosphère humide de Hô Chi Minh-ville avec toutes ces odeurs et saveurs, l’aquarelle par exemple. Une autre difficulté pour moi est de retranscrire le dynamisme, les hésitations dans la rue avec notamment les scooters et le calme avec les petites ruelles, “hẻm” en vietnamien. J'ai dû passer mon temps à enlever des détails… et j’espère malgré tout que les lecteurs peuvent le sentir parfois…  

VOVworld: Pourriez-vous définir votre roman en trois adjectifs?

Je dirais paisible. J’espère que c’est un livre paisible avec lequel les lecteurs trouvent le calme avec des choses très quotidiennes, à travers des balades dans les différentes rues de la ville. Alors ensuite, coloré sans doute. C’est aussi un livre où la couleur joue un rôle très important. J’ai dessiné tous mes livres avec une gramme de couleur limitée mais ce sont des couleurs que j’ai vraiment vues dans la vie, notamment le bleu et le rouge des petits trucs en plastique, le vert des bols en mélanine et les couleurs des bâtiments de la ville. Et pour le dernier mot, je ne sais pas… pourquoi pas appétissant. C’est un livre de balade, de découverte mais malgré tout, ce livre parle aussi de la cuisine, qui peut donner faim et voilà...

Un orage par jour, un roman à dévorer  - ảnh 3Photo: @andre.derainne

VOVworld: Quelles sont vos plus belles découvertes culinaires au Vietnam?

Moi, je suis vraiment resté seulement au cœur de Hô Chi Minh-ville donc je ne connais pas trop le Vietnam mais je pense qu’il y a des spécialités super intéressantes un peu partout, comme en France, j’imagine… Mais bon, je crois qu’à Hô Chi Minh-ville, on peut aussi trouver des bons plats de tout le Vietnam, et j’ai eu l’occasion de goûter plein de choses. Par exemple, le bò cuốn lá lốt, le bœuf grillé dans les feuilles de lá lôt, c’est fumé, poivré et très très bon; ou le bún bò Huê, que j’aime vraiment. Sinon, tous les matins, je prenais des bánh cuôn. Pour le dessert, c’est chè ba màu que je trouve vraiment impressionnant, à la fois chaud et froid, ni trop sucré ni trop salé. Pour moi c’est vraiment une aventure culinaire. 

VOVworld: Quels sont vos projets?   

 J’aimerais beaucoup retourner au Vietnam parce que j’ai très envie de découvrir davantage ce pays que j’aime tant... Il y a beaucoup de villes qui donnent envie mais surtout Hanoi. Pour l’écriture, je n’ai pas d’autre livres prévus en ce moment mais j’aimerais d’essayer avec un livre un peu entre fiction et réalité sur le Vietnam qui aborderait la vie réelle sans être un livre documentaire. Sans doute, je continuerais d’être inspiré par le Vietnam dans mes prochains livres avec de petits scooters ou de bons plats... C’est évident! Sinon, je suis en train de travailler un peu sur des décors de films d’animation avec un ami.

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